Coup de coeur mensuel
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Coup de coeurLA GUERRE EST DECLARÉE

Valérie Donizelli & Jérémie Elkaim

Valérie Donizelli, Jérémie Elkaim, César Desseix

100 min.
31 août 2011
LA GUERRE EST DECLARÉE

A.F.T. Au fil du temps.

Ce temps qui fait que les choses ne restent jamais longtemps les mêmes. Ce temps qui les fait bouger.

Et oblige à reconsidérer ce que l’on croyait acquis. Parfois pour le meilleur mais plus souvent pour le pire.

Ce pire qui prend ici la forme d’une tumeur au cerveau chez un jeune enfant.

Cancer qui va transformer ses parents en guerriers déterminés à gagner ce combat hasardeux pour la vie, aidés dans cette lutte au quotidien par des médecins dont il n’est pas habituel de voir le dévouement désintéressé et le goût de la bagarre aussi simplement montrés à l’écran.

Beaucoup de choses concourent à faire de ce deuxième film de Valérie Donizelli - le premier « La reine des pommes » était moins abouti - un cdc.

Un coup de cœur pour lequel le spectateur craque. Coincé entre émotion et rires, entre sympathie toujours et agacement parfois, entre doute et rage, il est emporté par un irrépressible élan envers ces personnages qui, à peine sortis de l’adulescence vont se trouver confrontés à une épreuve qui les usera, les minera, les transformera sans parvenir pourtant à réellement les désunir.

Lorsque la guerre sera gagnée, leur bonheur - vécu pour la première fois sur un rythme qui a cessé d’être trépidant et saccadé - sera aussi le nôtre.

Par son ton sensible qui refuse le pathos, par sa forme précise sans être rigide, par son parti pris de ne pas céder à la gratuité du chagrin ou de la fatalité, par sa bande son lumineuse (merci Vivaldi), "La guerre … " désarme et bouleverse. Comme l’avait fait il y 12 ans le film de Solveig Anspach "Haut les cœurs" avec une Karin Viard qui redonnait par sa prestation sincère au mot courage tout son sens.

Ils s’appellent Roméo et Juliette. Ils ont été bien avisés de « s’aimer beaucoup avant les menaces et les grands tourments » (*), trouvant dans leur amour aussi physique que cœur-al un trésor précieux pour lutter contre les angoisses, les insomnies, les fatigues et les problèmes financiers.

« La guerre … » n’est pas qu’une fiction. Il a été inspiré par une réalité vécue, il y a quelques années, par Valérie Donizelli et son (ex ?) compagnon Jérémie Elkaim.

Ce qu’il y a de revécu ou d’inventé dans cette histoire, nous ne le saurons pas.

Est-ce tellement important dans la mesure où tout au cinéma n’est que représentation et que la valeur de celle-ci n’a rien à voir avec la pudeur ou l’exaltation mais avec cette impression qu’une vérité a été captée ?

Une vérité qui choisit de privilégier le meilleur, l’espoir même quand le moins bon et le désespérant frappent à la porte.

L’enfant sauvé s’appelle Adam. Du nom du premier homme, cet ancêtre commun qui nous lie les uns aux autres.

Pouvait-on choisir plus juste prénom pour un film qui est porté à bout bras, à bout de sentiment par l’amour et la confiance ?

L’amour que se portent un homme et une femme.

L’amour qu’ils portent à leur enfant.

La confiance qu’ils nous font en disant et en montrant ce qu’ils ont vécu sans voyeurisme ou lyrisme indiscrets.

Juste persuadés de notre capacité à les comprendre.

"La guerre..." a été présenté à Cannes en ouverture de la Semaine de la Critique 2011, il a été acclamé par un public debout et enthousiaste et a reçu au Festival du Film de Paris 3 prix : ceux du public, de jury et ... des blogeurs.

Il aurait pu aussi recevoir celui de la vaillance à tout prix. (mca)

(*) extrait de la chanson de Daniel Lavoie "Ils s’aiment"