LA COULEUR DES SENTIMENTS selon Anne Goreux

Les années 60, Jackson, Mississippi – Comme elle, sa mère, sa grand mère étaient déjà au service des familles blanches.

Aibileen a élevé 17 enfants alors qu’elle n’a pas pu s’occuper du sien !

Pour 182 dollars par mois, exploitées, maltraitées, elle et toutes les autres nounous, esclaves modernes, doivent accepter les pires remarques racistes sans se plaindre, sans broncher de peur de perdre leur travail.

Mais une jeune bourgeoise blanche, Skeeter, de retour chez elle après ses études de journaliste, va prendre à cœur leur cause, décide de les aider, de recueillir leurs témoignages.

Clouées par la peur, ces nounous vont finalement parler et raconter toutes les bassesses, toutes les ignominies quotidiennes imposées par leurs maîtresses ces femmes blanches, trop gâtées, insupportables, véritables garces, qui se défendent avec leurs soi-disant bonnes intentions !

Tandis que les maris sont tout simplement lâches et absents !

Skeeter va aller jusqu’au bout de son enquête quitte à se mettre à dos toute sa communauté mais pas question pour elle de rentrer dans le rang .

« La couleur des sentiments » parle de la condition de ces afro-américaines du sud des États-Unis, de leur révolte pour accéder à plus de respect, de dignité, prendre leur vie en mains et en faire quelque chose !

Régulièrement, l’Amérique veut se donner bonne conscience, elle essaie de se dédouaner sous forme de livre ou de film. C’est une nouvelle version de ce thème abordé déjà avec force dans « Autant en emporte le vent » ou plus récemment « La couleur pourpre », mais le film n’apporte rien de nouveau, du déjà vu !

Beaucoup de précisions dans les costumes, les décors, mais là aussi, on n’est pas surpris. C’est une sorte de description rigoureuse, sorte de prouesse qui doit certainement plaire aux américains mais tellement artificielle, tout est cousu de fil blanc ! et beaucoup trop caricatural ! trop de clichés !
Si le film dure 2h20 c’est quand même long et on reste sur sa faim !

« La couleur des sentiments » de Tate Taylor est un film choral, avec une jolie brochette de comédiennes. Il est adapté du roman de Kathryn Stockett, best seller qui n’a pas quitté les meilleures ventes chez nous depuis un an et demi et véritable phénomène aux Etats Unis.

Sans doute comme souvent, le livre apporte une autre dimension, un autre regard propre à l’imagination de chaque lecteur.

Anne Goreux