Sans intérêt
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LA CLEF

Guillaume Nicloux (France 2007 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

Marie Gillai, Josiane Balasko, Vanessa Paradis, Guillaume Canet, Jean Rochefort

116 min.
2 janvier 2008
LA CLEF

Il y a des clefs qui n’ouvrent aucune serrure. Même si derrière la porte il y a des acteurs qu’on se réjouissait - avant de voir le film - de retrouver. Ceux qui donnent au cinéma français sa saveur de gratin.

Hélas à force de vouloir employer ses comédiens dans des rôles à contre emploi - la bonne vivante Balasko sorciérisée en commissaire loqueteuse, le sympathique Rochefort en vénéneux parrain - on a l’impression qu’ils ne s’y retrouvent plus. Et les spectateurs non plus.

Le développement à deux étages temporels - maintenant et il y a trente ans - de cette histoire qui se veut scénaristiquement ambitieuse en souligne sans rémission les faiblesses.

Pour retrouver les traces d’un père disparu, Eric (un Guillaume Canet dépassé par ce qu’il va vivre) se retrouve englué dans une (en)quête dont l’embrouillamini le dispute au glauque et le sordide au désenchanté.

Sacrifiant aux lois cyniques du marketing qui veut que sans violence peu d’espérances d’entrées, à celles très tendance de la confusion des genres - une dose de transgénérationnel (est-on condamné à payer pour les fautes de ses ascendants ?), une autre de crise identitaire (peut-on devenir père si on ignore de qui on est le fils) - « La clef » est une espèce de bouillon (souvent de onze heures) dont on se demande si l’indigeste est dû à une indigence de clarté dans le point de vue ou à un excès de complaisance dans le propos ?

Nicloux a dans sa besace de réalisateur un piège non pas à filles - ses actrices (à l’exception de Marie Gillain) sont sous-vitaminées - mais à imbéciles : quand l’histoire est en panne de raccord, il force la jointure au prix de la vraisemblance de l’ensemble et aux mépris de tout QI moyen.

Ce qui induit très vite la désagréable impression d’être bêtement manipulé et entraîné dans un cauchemar dont l’humour noir ne fait que souligner l’artificieux tourmenté de l’entreprise.

Dans son précédent film en tant qu’auteur : « Ne le dis à personne », Canet détenait la solution à cette « Clef » : "Dis-le à tout le monde : c’est sans intérêt". (m.c.a)