Drame familial
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LA BESTIA NEL CUORE

Christina Comencini (Italie 2006 - distributeur : Victory Films)

Giovanna Mezzogiorno, Alessio Boni, Stefania Rocca

120 min.
4 avril 2007
LA BESTIA NEL CUORE

Il y a des films que l’on a envie d’élaguer afin de leur redonner une essentialité.

Sabina mène une vie sans problème. Elle aime et elle est aimée. A la mort de ses parents concomitante à un début de grossesse, elle se met à avoir des cauchemars qui la réveillent mais qui surtout réveillent en elle une blessure enfouie depuis l’enfance. Blessure que sa mémoire semble avoir effacée.

Il est probable que si la recherche de ce traumatisme ne s’était pas diluée dans un entrelacs d’intrigues secondaires parfaitement superfétatoires et indigestement développées, on aurait pu être accroché à accompagner l’héroïne dans son parcours de découverte, intime et douloureux.

C’est plutôt dommage car le thème central du film, adapté du propre roman (*) de la réalisatrice, était intéressant. Sans identifier « la bête dans le cœur » que certains portent en eux, il n’est pas possible de l’apprivoiser, de la dépasser et finalement de vivre, apaisé, avec elle.

Ce qui est agaçant c’est la lourdeur sans surprise qui entoure la révélation d’un secret qui depuis « Festen » de Vinterberg est devenu une sorte de cliché porteur de beaucoup des non dits familiaux.

Deux choses permettent néanmoins au film de ne pas sombrer dans une ennuyeuse mièvrerie.
L’interprétation fine de Giovanna Mezzogiorno, déjà remarquée dans « Ultimo bacio » de Gabriele Muccino et les fléchettes décochées contre une télévision (berlusconnienne ?) qui débauche et médiocrise les réalisateurs de cinéma obligés de soumettre leur talent à d’affligeants cahiers de charges.

L’enfermement de Sabina dans une obligation de silence qui la corrode est tout entier contenu dans la traduction anglaise du titre italien : don’t tell. C’est-à-dire un engagement demandé par le parent délictueux à taire le trauma, alors que la seule façon pour la victime de s’en sortir est de le partager.

Christina Comencini est la fille de Luigi qui vient de mourir à Rome à l’âge de 90 ans. Elle partage, du moins dans « La bestia… » avec son père, le cinéaste de « L’incompris », un souci de porter sur les enfants malmenés et malheureux, un regard qui permet à leur malaise d’être dit, et parfois rédimé. (m.c.a)

(*) édité chez Denoël