Benjamin Voisin, Rebecca Marder, Pierre Lottin
Alger, 1938. Meursault, jeune employé indifférent, assiste sans émotion à l’enterrement de sa mère. Bientôt, son voisin Raymond l’entraîne dans des affaires troubles qui mèneront, sous un soleil écrasant, à un drame sur la plage.
Cette adaptation du roman emblématique d’Albert Camus, L’Étranger, est une véritable réussite. Pour ceux qui l’avaient lu il y a longtemps, elle offre une redécouverte passionnante. Pour ceux qui découvrent cette histoire, le film se tient comme une œuvre à part entière, fidèle à l’esprit du livre tout en l’enrichissant.
Les acteurs et actrices sont tous excellents, à commencer par Benjamin Voisin, qui incarne avec justesse ce personnage littéraire mythique. Il parvient à restituer toute la complexité de Meursault, sa froideur apparente, son détachement et cette humanité silencieuse qui affleure par moments. Autour de lui, les rôles secondaires et tertiaires sont incarnés avec un grand naturel : on oublie les interprètes pour ne voir que leurs personnages, tant le jeu collectif est habité.
Dans ce film, ce qui reste, c’est également la photographie et la mise en scène. Le choix du noir et blanc s’impose avec évidence, conférant au film une dimension intemporelle et une intensité presque sensorielle. Ozon joue avec la lumière, les ombres et surtout avec la présence du soleil, qu’il transforme en véritable personnage.
L’histoire, bien sûr, s’inspire fidèlement du roman d’Albert Camus. Ozon réussit à en capter toute la substance philosophique : l’absurdité de la condition humaine, le rapport à la morale, la solitude existentielle. Il traduit la taciturnité de Meursault sans jamais la figer. La caméra observe, scrute les moindres signes d’émotion, tout en gardant une distance respectueuse. Comme dans le livre, le spectateur ne juge pas : il devient un témoin, passif mais captivé, d’une tragédie intime et universelle.
Une œuvre marquante à voir en salles, très certainement
Flore Mouchet