JE NE SUIS PAS LA POUR ETRE AIME

Dans son récent dictionnaire des « Menus Plaisirs » Alain Schifres n’a pas consacré de rubrique aux mots « bien-être cinématographique », ce (trop) bref moment de bonheur qui vous saisit à la vision d’un film à l’histoire simple, pleine de tendresse et de réconfort.

Sans doute n’avait-il pas vu le dernier ouvrage de Stephane Brizé qui met un scène un huissier de justice solitaire, résigné et mélancolique dont la vie va reprendre couleurs et intensité au contact d’un plancher de salle de danse et d’une vibration d’accordéon.

Patrick Chesnais apporte à ce rôle une dimension délicate et émotive qui rend, par comparaison, presque grotesquement inexpressif le jeu d’un Richard Gere qui, dans le « Shall we dance ? » de Peter Chelsom (2004), interprète lui aussi un homme qui espère trouver dans une ball room le goût de revivifier son existence.

Le choix du tango comme type de danse qui va rapprocher Chesnais et Anne Consigny (magnifique de douceur et d’opalescence) est particulièrement judicieux car il évoque à la fois la douleur et l’amour, la retenue et la sensualité.

On est loin ici du tango-perfection des milongas de Buenos Aires tel que Robert Duvall l’a amoureusement filmé dans son « Assassination tango ».
On est plus proche d’une palette à la Patrice Leconte par une évocation sensible de la vie des 2 personnages principaux dont la banalité est égale à la nôtre.

Raison pour laquelle sans doute le spectateur ressent à leur égard une totale sympathie. (m.c.a)