Film de guerre
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JARHEAD

Sam Mendès (USA 2005 - distributeur : UIP)

Jake Gyllenhall, Jamie Foxx, Peter Sarsgaard

123 min.
11 janvier 2006
JARHEAD

Jarhead est un film de guerre. Donc un film de genre.
En tant que tel il sacrifie à un code dont il respecte les dispositions impératives : apprentissage biizutage compris) du métier, départ belliqueux pour le front et retour désabusé à la case départ.

Mais il n’est pas que cela.
Il est une sorte d’anthologie faisant référence explicitement à des films de guerre devenus des classiques (« Full Metal Jacket » de Kubrick ou encore « The Deer Hunter » de Michael Cimino) et implicitement à un metteur en scène, Sam Fuller, qui, comme personne, a su rendre l’atmosphère impalpable et délétère des attentes d’avant le combat.

Il est aussi une réflexion quasi existentielle sur la difficulté pour celui qui s’engage, espérant jouer un personnage de soldat, de ne pas avoir de rôle à interpréter sur le terrain parce que l’état de guerre ne lui donne pas nécessairement l’occasion d’entrer en action.

Il devient alors une illustration du désenchantement et de la frustration qui s’emparent de celui pour lequel les jours s’écoulent sans voir l’ennemi, rendant possible un parallèle avec le « Désert des Tartares » de Dino Buzzati et son jeune héros, le lieutenant Drogo.

Anthony Swofford, incarné par un talentueux Jake Gyllenhall, existe vraiment. Il a pris part, à 18 ans, à la première guerre du Golfe durant laquelle il a vécu une « fin d’innocence » qu’il retrace dans ses mémoires dont Mendès a gardé les ingrédients essentiels : la peur qui assaille devant un invisible adversaire, l’animalité latente chez chacun toujours prompte à se réveiller, le vide mental et la morosité qui envahissent ceux qui n’ont rien à faire.

Le réalisateur continue, avec « Jarhead », sa dénonciation acerbe et sans illusion des thèmes chers aux Américains que ce soit la famille dans « American beauty » ou le film noir dans « Perdition road ».

Si le souvenir de la guerre du Vietnam n’est jamais loin, « Jarhead » rappelle que, si les guerres se ressemblent toutes, chacune de celles-ci est néanmoins unique. Raison pour laquelle sans doute elles ne seront jamais éradiquées du cœur de l’homme puisque celui-ci ne prend conscience de leur nature tragique qu’une fois qu’il les a vécues. (m.c.a)