Adaptation d’un livre
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JANE EYRE

Cary Fukunaga (GB 2011)

Mia Wasikowska, Judi Dench, Michael Fassbender, Jamie Bell

115 min.
11 janvier 2012
JANE EYRE

Le cinéma, c’est un tas de choses : une passion, un travail, une technique, une forme d’expression, un art …

C’est aussi une capacité de faire le grand écart.

Entre deux films, entre un film et un livre dont il s’inspire.

Ainsi quel rapport entre « Sin nombre » le premier film de Cary Fukunaga et « Jane Eyre » ? Entre l’histoire d’une jeune femme du Honduras qui rêve d’émigrer aux Etats Unis et celle d’une gouvernante anglaise qui tombe amoureuse ?

Le lien est aussi simple qu’évident. Celui de la volonté de prendre en mains son destin. De ne pas s’abandonner à un sort désespéré dont l’inquiétude oppressante est ici rendue par des couleurs désaturées et grisâtres.

Cary Fukunaga a un sens du lyrisme qui agrippe parce qu’il est à la fois spectaculaire et intime. Réussissant à donner aux paysages une force particulière. Celle de pouvoir sculpter les visages et les âmes de ceux qui y sont nés et ont décidé, malgré la pluie, le vent, la monotonie de sa végétation, de continuer à y habiter.

Chacun a de Jane Eyre une vision. Effacée et impressionnée (par Orson Welles ?) avec Joan Fontaine chez Robert Stevenson, émouvante et fragile avec Charlotte Gainsbourg chez Zeffirelli, tenace et éduquée avec Mia Wasikowska chez Fukunaga.

Cinéaste qui a pris le parti pris de bouleverser le récit linéaire de Charlotte Brontë en le découpant en flash backs qui lui donnent un rythme qui fait penser à celui du cœur lorsqu’il est chaotique parce que passionné.

Cinéaste qui a choisi de privilégier la modernité de l’œuvre en donnant de son héroïne l’image d’une jeune femme soucieuse d’indépendance, d’égalité entre homme/femme, entre maître et employée.

Une jeune femme ayant le sens de la responsabilité, ne craignant pas de devenir la « guide » d’un homme qui a perdu la vue.

Pour l’ incarner, avec intelligence, une actrice, Mia Wasikowska découverte dans « Alice au Pays des Merveilles » de Tim Burton et appréciée dans « Restless » de Gus Van Sant. Dans le rôle de Monsieur Rochester, un Michael Fassbender sobre et sombre.

Un des autres atouts de ce film à la lumière ombrageuse et à l’ambiance fantastique (gothique ?) est la beauté de ses lieux de tournage.

La plupart de ceux-ci, grandioses, titillent la mémoire. Où ont-ils déjà été vus ?

Pour certains la réponse est facile (« Gostford Park » de Robert Altman, « Pride & prejudice » de Joe Wright ou encore certains épisodes de la classieuse série « Agatha Christie’s Poirot »).

Pour d’autres, l’incertitude s’impose sans déranger. Rappelant que le mystère participe aussi à la séduction du 7ème art. (mca)