A méditer
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IT COMES AT NIGHT

Trey Edward Shults

Joel Edgerton, Riley Keough, Christopher Abbott, Carmen Ejogo, Kelvin Harrison Jr.

97 min.
28 juin 2017
IT COMES AT NIGHT

Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé.

Après « Get out » de Jordan Peele, c’est au tour de « It comes at night », film d’horreur américain réalisé par Trey Edward Shults, de sortir sur nos écrans. Le point commun entre ces deux films est de proposer un modèle alternatif au genre du film d’horreur auquel nous avons droit habituellement. Il s’agit du deuxième long-métrage du réalisateur qui avait fait un court-métrage intitulé « Krisha », dont la première s’était déroulée au SXSW (South by Southwest). Le film avait remporté une Mention Spéciale du Jury pour la photo. En 2014, il en avait fait une version longue qui avait gagné le Grand Prix du Jury et le Prix du Public, toujours au SXSW. Ajoutons que ce jeune réalisateur a aussi eu l’occasion de travailler sur trois des films de Terrence Malick.

Si comme nous, vous avez regardé la bande-annonce avant de voir le film, vous risquez d’être quelque peu déroutés car vous n’assisterez pas à ce que vous vous attendiez. « It comes at night » n’est pas un film d’horreur comme les autres. Minimaliste dans sa conception, il n’en est pas moins subtil et se construit en quelque sorte autour de cette phrase qui apparait dans le trailer : « La peur transforme les hommes en monstre ».

Tout au long du film, on sent une menace qui plane au-dessus de cette famille composée de trois membres : Paul, Sarah et leur fils, Travis, qui souffre de cauchemars récurrents. Le réalisateur privilégie le hors-champs et on ignore à quoi ressemble exactement cette menace qui attaque la nuit. Lorsqu’un étranger pénètre dans l’enceinte de la maison, il est vu comme un ennemi et va être traité comme tel jusqu’à ce que la famille soit sûre de pouvoir lui faire suffisamment confiance pour le relâcher et l’aider. Mais ce sentiment ne tient qu’à un fil, au moindre soupçon, la méfiance sera doublement plus grande que précédemment.

« It comes at night » est une critique du repli sur soi et de la peur de l’autre. Dans le film, le repli sur soi se manifeste notamment par rapport à l’espace de plus en plus petit dans lequel se tiennent les membres de la famille. C’est le genre de film qui vous surprend en vous montrant quelque chose auquel vous ne vous attendiez pas. Vous sortez de la salle, vous êtes un peu déçu (peut-être moins si vous avez l’occasion de lire la chronique) mais vous continuez à réfléchir à ce film et à l’impact qu’il a eu sur vous. Car il y a quelque chose de très juste qui vous parle du monde dans lequel vous vivez. Au final, la menace vient aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur.

(Nathalie De Man)