Policier
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INSIDE MAN

Spike Lee (USA 2005 - distributeur UIP)

Denzel Washington, Clive Owen, Christopher Plummer, Jodie Forster

129 min.
12 avril 2006
INSIDE MAN

Spike Lee c’est avant tout un phrasé cinématographique rythmé, suspendu à des mouvements de caméra acérés et limpides. Mais c’est aussi un réalisateur engagé qui aborde, sans crainte d’en affronter les conséquences, la question de la black-titude urbaine.

Dans ce scénario de Russell Gewirtz, destiné d’abord à être mise en scène par le conventionnel Ron Howard, ce qui semble intéresser Lee c’est tout autant l’anecdote que la façon dont elle peut servir de prétexte à des thèmes qui lui sont chers : le racisme ordinaire qui amalgame arabes (et ceux qui leur ressemblent dans l’imagerie populaire ) et terroristes, le regard lucide sur les dérives d’une société dont la violence s’exprime jusque dans les jeux vidéos les plus prisés par les enfants.

Pour Costa-Gavras, il n’est de film que de film politique. Ce n’est pas « Inside man » qui portera exception à la vigueur de cette opinion.

En effet la raison pour laquelle 4 individus décident un jour d’investir une prestigieuse banque de Manhattan, d’y prendre les clients en otage et de commencer à mettre à exécution un plan minutieusement élaboré rappelle que le drame du 11 septembre 2001 fut précédé par d’autres horreurs et notamment celle de la cupidité de certains à tirer profit du nazisme pour s’enrichir.

Serait-il exagéré de décrypter, en filigrane, à ce rappel le moto cher au réalisateur à savoir la maltraitance raciale par les W.A.S.P. (White Anglo - Saxons Protestants) des Afro-Africains, des Juifs et des Arabes.

L’habileté de Spike Lee est de diluer ce rapprochement sous une intrigue habilement menée qui mélange les temporalités, brouille efficacement les pistes et donne l’occasion à des acteurs (qui jouent un peu trop de leur métier et un peu trop peu de leur talent) de se couler dans des stéréotypes qui permettent à « Inside Man » de tenir son rang dans ce genre prisé par le cinéma : celui du policier de qualité.

Il est possible de voir dans ce film des clins d’œil (plus que des hommages ou des références) à des classiques tels que « A dog day afternoon » de Sydney Lumet quoique le côté névrotiquement improvisé du braquage initié par Al Pacino est à l’opposé de la méticulosité de celui préparé par Clive Owen.

Il est aussi permis d’y décoder des similitudes thématiques avec ces films qui ont abordé la description de personnages ayant entretenu des liens de délétère collaboration avec le pouvoir fasciste (« Marathon man » de John Schlesinger ou « Music box » de Costa-Gavras )

Le cinéma de Spike Lee est comme un diamant. Il a plusieurs facettes dans lesquelles les spectateurs choisissent ou pas de se refléter. (m.c.a)