Bof ...
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INCEPTION

Christopher Nolan (USA 2010)

Marion Cotillard, Ellen Page, Leonardo DiCaprio, Michael Caine, Cyllian Murphy

148 min.
21 juillet 2010
INCEPTION

Et si les blockbusters de l’été étaient, comme l’acné juvénile, un moment pas très agréable à passer.
On l’aura compris, je n’aime pas (beaucoup) les grosses machines hollywoodiennes et encore moins celles qui sortent en été.

Celles qui font les parois des abribus et des trams, celles qui donnent aux meilleures critiques des allures de propagande, celles qui essayent de faire passer pour de la création ce qui n’est avant tout qu’un produit de consommation, formaté pour répondre à la propension des spectateurs à aimer ce qui est esbroufe visuelle et brouillard (incohérence ?) narratif..

Dom Cobb (Leonardo DiCaprio dont on se demande si l’embonpoint en route vers le tour de taille d’Orson Welles est la somatisation d’un talent qui a une fâcheuse tendance à s’amidonner ?) est le « king des incepteurs ».

En raison de son habileté à plonger dans le subconscient (ou inconscient ou préconscient - jolie pagaille installée par un réalisateur qui joue sur toutes les touches vulgarisatrices d’une mode-psy-à-deux-euros-six-cents) de personnes endormies, il se voit demander, par l’organisation qui l’emploie, d’implanter une idée dans l’esprit d’un homme d’affaires.

Pas de quoi s’esbaudir. N’est-ce pas ce que la publicité essaie de faire avec nous spectateurs gorgés quotidiennement de pensées qui ne sont pas (toujours) les nôtres ?

Même si l’on admet que le processus manipulatoire est énergiquement mis en images en réservant la part belle aux prouesses physiques - y compris les lévitations-à-la-Matrix invitées à nous divertir les pupilles, il lasse par son approche conformiste des tourments des personnages.

Et notamment de son héros rongé par le trio des malédictions - tourment, regret, culpabilité - qui semble le fonds de commerce de son interprète depuis « Shutter’ Island ».

« Inception » est un quizz de références cinématographiques et littéraires avec lequel on peut jouer lorsque ce film long - deux heures et demi - donne envie de s’évader.

Oui l’absence d’ironie dans l’oeuvre de Nolan rappelle combien est rafraîchissante celle de Mel Brooks dans "Frankenstein Junior". Notamment lors de la scène finale au cours de laquelle le savant, par un ingénieux système de transfert de cerveaux, préfére abdiquer de son savoir au profit d’une vigueur sexuelle à toute épreuve.

Oui « Inception » rappelle « Le palais des rêves » de Kadaré ou « Minority report « de Philip K. Dick (*) Sans avoir la puissance dénonciatrice d’une société totalitaire du premier ou le brio novateur du second.

Les Incepteurs de Nolan sont les cousins des Extrapeurs d’Alfred Bester - « L’homme démoli » paru en 1952 - chargés de sonder les esprits et d‘en tirer des informations pour créer un monde nouveau.

Sans oublier la référence ultime et classieuse en matière de manipulation mentale « The Mandchurian Candidate » de John Frankenheimer fadement revisité, en 2004, par Jonathan Demme.

« Inception » n’en doutons pas a ce qu’il faut pour plaire et distraire. Un tiers de suspens science-fictionnel, un tiers d’intérêt pour des personnages qui partent en vrille dans leur folie ou leurs fantasmes et un tiers de n’importe-quoi-pourvu-que-ça-bouge.

Bref de quoi réaliser un « mint julep » qui désaltérera ceux qui ont soif d’imaginaire et d’action,

Les autres se contenteront de penser que d’ « Inception » à « Deception », le chemin est court. (m.c.a)

(*) mis en scène par Steven Spielberg