Fantastique
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I AM LEGEND

Francis Lawrence (USA 2007 - distributeur : Warner Bros)

Will Smith, Alica Braga, Charlie Tahan

100 min.
19 décembre 2007
I AM LEGEND

Dans la version de 1971 du livre désormais culte de Richard Matheson (*), Charlton Heston n’est pas une légende mais un « Omega man » (**) le dernier homme « normal » vivant sur terre. Il est médecin, habite en Californie, vit seul et lit le « Dracula » de Bram Stoker

Dans le film de Francis Lawrence, Will Smith est militaire et virologue , il vit à Washington Square/New York, il a un chien. Il aime « Shrek » et Bob Marley.

Un virus redoutable né de recherches menées pour trouver un vaccin anti cancer ravage le genre humain. A défaut d’antidote, il transforme tout être vivant en féroce zombie.

Au milieu de ces créatures vampiresques, solide et droit comme l’Empire State Building un homme : Robert Neville - auquel l’ex Prince de Bel-Air prête son corps bodybuildé, ses accablements larmoyants, ses révoltes et son indéfectible ingéniosité - résiste et tente de mettre au point le vaccin qui sauvera ce qui reste de l’humanité.

Quand en 1954 Matheson imagine cette histoire, elle était édifiante. Depuis lors elle est devenue
banale, presqu’éculée. Elle souffre de la concurrence de films (« Twelve Monkeys » de Terry Gilliam, « 28 days later » de Danny Boyle) ou de série télévisée (« Survivors » de Terence Dudley) autrement plus convaincants. 

Elle aurait surtout eu besoin pour retenir l’intérêt du spectateur que celui efface de sa mémoire cinématographique le « Children of men » d’Alfonso Cuaron.

S’il est à craindre que cette adaptation sans envergure, relief ou surprise ne restera ni dans les annales des films de science fiction ni dans celles des films d’horreur - ses effets spéciaux sont exsangues comme les hominidés qu’ils créent -, elle pourra néanmoins prétendre à un award pour les impressionnants décors d’un New York inhabité et envahi par la végétation et les animaux sauvages.

Si l’on comprend l’angoisse existentielle d’un homme que la solitude pousse à engager la conversation avec des mannequins de cire, si l’on comprend, en fin de parcours, son sacrifice, on restera prudent et sceptique quant au message messianique autour d’une colonie de bien portants et de bien pensants poussés par la voix de Dieu (ou celle du pasteur Mike Huckabee ?) à se réunir pour repeupler la terre.

Au Neville 2007 (***) obsédé par le séisme « Ground Zero » on préfère le Neville 1974 parce que c’est dans la dive bouteille qu’il trouvait une consolation à ces proliférations d’êtres malfaisants qui n’existent peut-être - à chacun d’y réfléchir – qu’en tant que versions corrompues de nous-mêmes. (m.c.a)

(*) Edité chez Denoël en collection « Présence du futur »
(**) Du titre du film de Boris Sagal qui anticipait la mort oblative de son héros dans la position du Christ sur la croix.
(***) Qui porte aussi bien que Steve McQueen pour lequel elle a été dessinée la légendaire "Trial Master Jacket" de la maison britannique Belstaff. Archétype de la coolitude dit-on. Sauf en l’espèce ... bien sûr.