De 7 à 77 ans
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Coup de coeurHUGO CABRET

Martin Scorsese (USA 2011)

Chloé Moretz, Asa Butterfield, Ben Kingsley, Jude Law, Sacha Baron-Cohen

127 min.
21 décembre 2011
HUGO CABRET

De la mécanique c’est aussi ce qu’est le cinéma.

De la mécanique de haute précision. Aussi pointue et complexe que les rouages de l’horloge d’une gare parisienne que le jeune orphelin Hugo Cabret est chargé de remonter.

Occasion pour lui de rencontrer une clé en forme de coeur, une jeune fille et un mystérieux personnage, George Méliès, dont le génie a transformé une invention, celle des Frères Lumière, en art.

Le 7ème art.

La dernière œuvre de Martin Scorsese est une manne.

Mieux encore une chaussette de Noël (ce n’est pas un hasard si le film sort quelques jours avant le 25 décembre) remplie de cadeaux qui raviront le cinéphile.

Des acteurs magnifiques qui, de Christopher Lee au jeune Asa Butterfield en passant par Ben Kingsley et Jude Law, rappellent que les stars rythment le passage du temps - les générations d’acteurs sont, comme dans une course relais, chargées de porter, pour éviter qu’il ne s’éteigne, le flambeau allumé en 1896 avec l’entrée d’un train à la Ciotat.

Des références à Griffith, Harold Lloyd qui raviront les amoureux du cinéma en leur rappelant que déjà dans son premier long métrage « Who’s knocking at the door ? » Martin Scorsese, un des premiers cinéastes diplômés d’une école de cinéma (*) et volontiers transmetteur de savoir (**), déclarait par ses partis pris de mise en scène sa flamme aux metteurs en scène qu’il admirait - John Ford, Howard Hawks …

Des allers retours entre images virtuelles et photographiques, modernité technique (la 3D) et hommage aux pionniers, risques encourus par un artiste, fût-il de génie, d’être oublié et possibilités d’être par le regard d’un enfant en recherche d’un père de remplacement (le sien est mort) ressuscité.

Chacun, selon son âge et sa curiosité, piochera dans cette pellicule inventive (quoique parfois manquant de rythme) ce qui lui convient - le plus jeune appréciera la magie d’ « Hugo Cabret », son aîné sera ému par la proposition qui lui est faite de se retourner sur l’Histoire du cinéma.

Chacun se laissera cornaquer dans la même quête par un cinéaste intelligent, passionné et qui ne cache pas avoir projeté en Hugo beaucoup de ce qu’il était enfant : trouver en se rendant dans une salle de spectacle, une occasion de prendre du plaisir.

En acceptant, comme Alice lorsqu’elle suit un lapin blanc dans son terrier, de basculer dans un pays dont les merveilles ne sont pas faites uniquement d’enchantement, d’empathie, de désir.

Mais aussi de repli sur soi et de mélancolie.

"Hugo Cabret" est adapté d’un livre de Brian Selznick, un lointain collatéral du producteur de cinéma David O. Selznick ("Gone with the wind") paru aux éditions Bayard Jeunesse.

En complément au film de Scorsese est à voir le magnifique documentaire de Serge Bromberg et Eric Lange sur l’ascension et la chute de Monsieur Mélies. "Le voyage extraordinaire" suivi du "Voyage sur la lune" est sorti en France.

Espérons qu’il sortira bientôt chez nous. Sur grand écran ou en DVD. (mca)

(*) la Tisch School of the Arts de l’université de New York

(**) ses documentaires sur l’histoire du cinéma américain ei italien - DVD disponibles chez Arte Video - en attestent.