Guillaume Canet, Alba Rohrwacher , Marie Drucker, Sharif Andoura
Surprise de découvrir avec « Hors saison » un autre univers de Stéphane Brizé qui nous avait plongés dans la brutalité du monde de l’entreprise avec ses trois derniers films : « La loi du marché » (2015), « En guerre » (2018) et « Un autre monde » (2021).
Dans « Hors saison », tout est feutré, lent, en demi-teinte, dans une ville balnéaire, silencieux car toutes les maisons sont fermées , le seul élément de brutalité étant les vagues qui se fracassent sur les rochers.
Détrompez-vous : il y a un trait commun à tous ces films où, comme l’affirme le réalisateur, le sentiment qui appartient à tous ces personnages qui ont cru en quelque chose est la désillusion. « Un homme et une femme qui arrivent au bout de la logique des décisions qu’ils ont prises quinze ans auparavant, au moment où ils se sont séparés » nous dit Stéphane Brizet.
Mathieu (Guillaume Canet), acteur connu en rupture d’inspiration, retrouve, par hasard, lors de sa cure thermale, la femme, Alice (Alba Rohrwacher) qu’il a aimée et qu’il a quittée. Lui a sa vie d’acteur en vogue, sa femme à Paris ; il vient de quitter brutalement les répétitions de la pièce de théâtre qu’il devait jouer. Elle s’est mariée, a une fille et est professeur de piano. Elle a renoncé à ses rêves.
Le temps du film, Mathieu et Alba se mettent en danger mais ils sont habités par la peur, « celle d’échouer, celle d’être mis en fragilité, celle de ne pas être à la hauteur » souligne le réalisateur
Merveilleux usage du temps : si le rythme est lent et s’étire comme les phases de la « reconnaissance » de Mathieu et d’Alba , le temps reste comme suspendu entre deux saisons, comme entre leur deux vies.
La musique du film composée par Delerm est une pure merveille et fait partie intégrante de l’histoire et des images. Guillaume Canet, profondément triste comme le héros est stupéfiant de naturel et Alba Rohrwacher lumineuse et mystérieuse.
Laissez vous porter, comme je l’ai fait, par cette histoire, sur « cet instant où l’on questionne les choix que l’on n’a pas faits ou mal faits, les rencontres que l’on a ratées ou sacrifiées, les portes que l’on n’a pas poussées, les rendez-vous manqués, tous ces moments de la vie où l’on décide d’une route plutôt qu’une autre » comme aime à le souligner Stéphane Brizet.
France Soubeyran