Comédie
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HAPPY-GO-LUCKY

Mike Leigh (GB 2008 - distributeur : Kinepolis Film Distribution)

Sally Hawkins, Andrea Riseborough, Alexis Zegerman

118 min.
27 août 2008
HAPPY-GO-LUCKY

Poppy. Un nom qui sonne comme un chewing-gum qui éclate. Un truc qui explose dans un bouquet de couleurs, dans un brouhaha de sons stridents. Un nom que l’on a envie de crier plus que de prononcer. Un nom à l’image de la protagoniste centrale du nouveau film de Mike Leigh. A la fois irritante et pétillante.

« Happy-go-Lucky » nous conte l’histoire de Poppy, trentenaire sautillante, qui avance dans la vie comme un poisson dans l’eau, au gré des vagues et des remous.

Elle se laisse porter sans plan défini, avec comme seul point de mire l’envie de profiter de la vie, de vivre à cent à l’heure, sans se préoccuper de ce que pensent ceux qui l’entourent. Une femme libre en somme.

C’est un beau portrait que dresse Leigh avec ce film. Une image d’abord exaspérante de cette femme qui ne cesse de rire, de crier, de faire des blagues idiotes, des réflexions hors de propos.

Mais qui peu à peu se révèle être une personne attachante, institutrice comme on en a tous rêvé, compréhensive et loufoque en même temps. Un être dont les rêveries dépassent parfois la réalité, mais qui ne délaisse pas pour autant le réel, se battant pour être épanouie, peu importe le moyen pour y arriver.

Soulignons d’ailleurs la prestation de Sally Hawkins [1], qui interprète Poppy avec un naturel et une fraicheur inégalable. Avec un humour qui au départ irrite, pour par la suite désarmer. Avec un dynamisme forcené, mais aussi avec une sincérité touchante.

Le souci est que la justesse de ce portrait n’est pas relayée par un scénario abouti. Plutôt qu’à une histoire construite, graduelle et structurée, on a l’impression d’assister à une suite d’épisodes de la vie de l’héroïne, mis bout à bout sans pour autant créer un tout homogène.

Des scènes disparates de Poppy dans diverses situations qui sont rassemblées mais ne semblent jamais s’intégrer à une construction scénaristique cohérente. Et qui du coup donnent un film décousu, dans lequel on a un peu tendance à se perdre. Où l’on a en tout cas du mal à saisir où l’on va.

Cet aspect disloqué du récit rend pénible le suivi du film, et par la même, entrave donc l’empathie que l’on pourrait éprouver pour Poppy.

Comment décrire alors ce nouvel opus de Mike Leigh ? Comme un constat résolument plus positif que ses réalisations précédentes, certes. Mais peut-être aussi comme un film moins abouti, entêté dans le portrait qu’il dresse, mais lacunaire au niveau du scénario.

(Justine Gustin)

[1] Qui a d’ailleurs gagné l’Ours D’or de la meilleur interprète féminine au Festival de Berlin pour ce film.