Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Julia Stiles, Jacki Weaver, Chris Tucker, etc.
Après Fighter (2010) dans lequel il s’intéressait au chemin d’émancipation d’un jeune boxeur d’une famille envahissante et limitative, David O. Russel explore le quotidien de deux marginaux que la société a relégué dans la case "névrosés".
Pat Solatano sort du centre où il a été traité pendant 8 mois. Il réintègre la maison de ses parents (Robert de Niro et Jacki Weaver, succulents) et reprend ses repères auprès d’une communauté qui l’a vu, quelques mois auparavant, pêté les plombs en surprenant sa femme avec un autre homme. A présent, sa seule obsession est de reconquérir cette dernière. Lors de ses footings journaliers, il se fait littéralement prendre en chasse par Tiffany, une jeune veuve qui se relève peu à peu de passages dépressifs qui l’ont conduit à finir dans le lit de nombreux collègues de travail.
Leur rencontre est pour chacun l’occasion de se reprendre en main et de retrouver goût, alors qu’un lien inattendu, à la fois tendre et doux, se tisse peu à peu entre ces deux êtres à qui la vie n’a pas fait de cadeau. Cerise sur le gâteau : un concours de danse et un double pari feront monter la tension dramatique, dans l’enchevêtrement très équilibré de dialogues joliment agencés tombant à point et d’une mise en scène qui table beaucoup sur son duo d’acteurs, portant le film dans la catégorie des comédies dramatiques qui sortent du lot.
Bradley Cooper trouve dans le rôle de Pat un portrait intéressant et jouissif, suivant les méandres torturés de l’esprit d’un homme bipolaire à tendance maniaque. Mais celle qui donne un charme fou à ce film, c’est bien Jennifer Lawrence, récompensée par un oscar et dont la gamme de jeu s’élargit au fil de ses choix filmiques. Pour elle, le personnage de Tiffany avait été rajeuni de quelques années, le réalisateur tentant l’expérience avec cette jeune comédienne. Franche, rentre-dedans, énergique, elle donne à ce personnage féminin puissant toute sa force et au film une bonne partie de son enjeu dramatique.
Adapté du livre "The Silver Linings Playbook" de Matthew Quick et récompensé à Toronto par le Prix du Public, cette sucrerie américaine comme il fait bon d’en voir sur nos écrans explore avec une subtilité et une légèreté bienvenues les rapports entre les êtres, la résilience, la volonté de se relever et de faire un pas en dehors de sa zone de confort pour à nouveau tenter un pas vers le bonheur.
(Ariane Jauniaux)