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HALLAM FOE

David Mackenzie (GB 2007 - distributeur : Brunbro)

Jamie Bell, Sophia Myles

95 min.
14 novembre 2007
HALLAM FOE

Hallam Foe. Foe comme adversaire dans sa traduction française. Adversaire de la vie et ennemi de lui-même.

Quelque part en Ecosse, dans un château que Walter Scott aurait aimé, Hallam Foe étouffe dans le quotidien qu’il mène entre un père et une belle-mère qu’il soupçonne d’avoir programmé le suicide de sa mère.

Enfermé mentalement dans un imaginaire qui l’exclut de toute relation avec autrui et protégé physiquement du monde réel dans une cabine suspendue dans les arbres, il développe une attirance-répulsion pour tout ce qui touche à l’amour.

Après une ultime confrontation avec Verity, sa troublante marâtre, il quitte ses carapaces et comme l’oisillon curieux du générique-cartoon (*) de ce film rockabily et mélancolique, il fugue à Edimbourg pour se confronter à la réalité du monde.

Réalité d’un monde qu’il tient à distance respectueuse et mateuse de jumelles dont il ne se sépare pas et que peu à peu, au contact d’une jeune femme qui lui rappelle sa mère, il va apprendre à délaisser.

« Hallam Foe » est une bal(l)ade. Triste et oedipienne sur la nécessité pour un fils, s’il veut grandir, de se confronter symboliquement au père et de dé-fusionner de l’image d’une mère ressentie comme trop parfaite et trop présente.

Bal(l)ade disions-nous, portée par une bande son que sa riche diversité (**) donne envie de podcaster et par deux acteurs épatants. Un Jamie Bell qui continue, depuis « Billy Elliot » de Stephen Daldry et « My dear Wendy » de Bob Vintenberg, de privilégier un parcours de choix judicieux et de qualité.

Quant à Sophia Myles, sa beauté ronde et naturelle, par ses contrastes avec la fragilité rageuse et désemparée d’Hallam, donne éloquemment forme et sens à la narration d’un épisode transitionnel qui permet à un adolescent mal dans sa peau et dans ses fantasmes de quitter ses hauteurs protectrices (il aime les toits) pour oser se poser sur un macadam moins aléatoire pour qui décide de voler de ses propres ailes. De devenir adulte.

Espérons que la sortie (trop confinée) de cette œuvre, étrange et hardie, donne, par son succès, l’envie aux distributeurs de présenter au public « Asylum » le film précédent de l’écossais David Mackenzie qui avait reçu en 2003, pour « Young Adam » - un drame dur tiré du roman du poète beat écossais Alexander Trocchi - le prix Michael Powell.

"Hallam Foe" est inspiré d’un livre de Peter Jinks paru aux éditions Headline Review et disponible sur www.amazon.fr (m.c.a)

(*) dû au talent du dessinateur glaswegian (cad habitant de Glasgow) David Shrigley
(**) citons entre autres, les musiques expérimentales, électroniques et post-rock de « Sons & Daughters », « Psapp », « Kieran Hebden », « Hood » qui peuvent être écoutées sur le site www.myspace.com