A voir avec les ados
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HALF NELSON

Ryan Fleck (USA 2006 - distributeur : A-Film distribution)

Ryan Golsing, Shareeka Epps

106 min.
25 juillet 2007
HALF NELSON

Est-ce parce qu’on les a connus en " life" que tant de représentations de professeurs sur grand écran semblent souvent (toujours ?) too much ?

Trop policée avec Glenn Ford dans « Blackboard jungle », trop lyrique avec Robin Williams dans « Dead poets society » , trop idéalisée avec Hillary Swank dans « Freedom writers », trop sexy avec Kate Blanchett dans « Notes on a scandal », trop lénifiante avec Michelle Pfeiffer dans « Dangerous minds », trop énergique avec Morgan Freeman dans "Coach Carter" (*) ?

Dan Dunne - le personnage principal de « Half Nelson » du nom de cette prise de lutte dont on ne peut, à priori, se dégager - n’échappe pas à la moulinette du "sancto subito" par et grâce à ses prouesses de professeur charismatique dans une high school de Brooklyn, New York / USA.

Enseignant passionné et admiré de ses étudiants, Dunne a un talon d’Achille. La drogue dans laquelle il a chu et déchu. Une de ses élèves lui tend la main. De cette amitié faite de compréhension et d’entraide jaillira la rédemption.

A partir de ce scénario sulpicien, Ryan Fleck se déchaîne. Accroc aux poncifs comme Dan l’est au crack.

Ceux qui aiment la naïveté, l’émotion arrachée de situations mélodramatisées, le jeu fabriqué d’un acteur (nominé aux Oscars 2007 ??) qui connaît par cœur son almanach-de-ce-qu’il-faut-faire-pour-que-Margot-verse-une larme, se laisseront prendre au jeu de la bleuette sur Hudson.

Les autres seront au mieux consternés des extrêmes manipulateurs de ce film largement primé à Sundance et à Locarno, au pire écœurés par sa rhétorique qui, confondant vessie et lanterne, veut nous faire croire que dignité et intensité ont à faire avec maniérisme et chiqué.

« Half… » est à l’image de notre société : superficiel, bien-pensant, pathétique. Il effleure des problèmes essentiels - la dépression, la solidarité, la fascination pour l’autodestruction - mais en évitant de les encadrer d’une réflexion qui sortirait de l’anecdotique.

Et ce ne sont pas les maigrelettes, désabusées et tellement convenues leçons de Dunne sur un système social américain qui prend l’eau qui ossaturent un film en manque de colonne dorsale -celle qui aurait pu donner allure et rigueur à un propos dévitalisé (volontairement ? pour s’assurer un maximum d’audience) coincé entre légèreté et sensiblerie. (m.c.a)

(*) respectivement de Richard Brooks, Peter Weir, Richard Lagravenese, Richard Eyre, John N. Smith, Thomas Carter