Road movie
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GYPSY CARAVAN

Jasmine Dellal (USA 2006 - distributeur : A-Film distribution)

Taraf de Haidouks, Esma Redzepova, Fanfare Ciocarlia, Maharaja, Antonio el Pipa

110 min.
27 juin 2007
GYPSY CARAVAN

Après le temps du « Buena vista social club » de Wim Wenders et avant celui du reggae dans le documentaire attendu de Jérôme Laperrousaz "Made in Jamaica", voici venu le moment de prendre la route avec ces éternels arpenteurs que sont les Roms.

Les Gitans, célébrés au cinéma (*) et à l’opéra (**) par le tempétueux Emir Kusturica et en récital (***) par Goran Brégovic, sont de retour sur les écrans dans le film de Jasmine Dellal dont le titre à lui seul souligne la bigarrure et le mouvement de l’entreprise.

Inspirée par l’esprit documentaliste de la World Music en général et d’un Ry Cooder en particulier, la cinéaste choisit de s’intéresser, à travers une tournée triomphale aux USA de cinq groupes, à l’histoire et à la culture tziganes.

Avec aisance, elle mêle images de concerts et scènes intimistes, utilisant pour les premières un dispositif technique d’envergure et pour les secondes une caméra DV plus respectueuse d’une approche en tête à tête.

Ces musiciens venus des quatre coins de la planète (Nord de l’Inde, Espagne, Macédoine, Roumanie) sont en route, chaque jour, vers une salle de concert différente mais aussi et surtout en route vers un désir de se trouver, malgré leur diaspora, des racines communes qui les souderont en tant que Famille dans un monde qui leur est souvent et préjugément hostile.

Ce que rappelle avec sa nonchalante fougue un Johnny Deep (J.D.) - pour l’occasion « romisé » ; on sait, depuis les « Pirates of the Carabbean », qu’il ne craint pas les déguisements… - qui a rencontré Kusturica et sa troupe lors du tournage d’ « Arizona Dream ».

L’intérêt de « Gypsy Caravan », être une exploration d’un univers musical, manque parfois de cet allant qui rythmait l’enthousiasme de ceux qui découvraient les sons colorés et vibrants du « Latcho Dream » de Tony Gatlif.

Une rigueur de montage un peu trop lâche donne au film un côté saccadé qui ne favorise pas l’attention. La dispersion de celle-ci devenant palpable lorsque l’Histoire de la caravane se fragmente en histoires individuelles ou chacun se raconte. Croyant, avec cette candeur exaltée par la présence de la caméra, qu’il a quelque chose de spécial à apporter aux autres.

Ce qui donne sens à cette caravane et suscite dès lors le désir de la rejoindre c’est le vertige des voix, la beauté des sons (****) et l’envie de danser pour se nettoyer de la mélancolie qui sourd du souvenir des souffrances passées.

Ce qui lui manque c’est une cohérence et ce qui perturbe c’est l’essaimage des finalités dont on ne sait, en bout du compte, si elles visent à donner d’une musique le plus large éventail ou à défendre la moralité de ceux trop généralement et injustement soupçonnés d’être, comme le souligne J.D. des « voleurs de poules » (m.c.a)

(*) « Le temps des Gitans »
(**) Le scénario de ce film est devenu un punk opéra qui, occupe ,depuis le 26 juin et jusqu’au 15 juillet, la scène de l’Opéra Bastille
(***) ce printemps, Bozar accueillait le premier festival belge dédié aux musiques d’Europe du sud-est, le Balkan Trafic, au cours duquel s’est produit l’ex musicien attitré de Kusturica, Goran Bregovic.
(****) la bande son est distribuée par Harmonia Mundi