GREEN BOOK

1962. Tony Lip, caricature de l’immigré italien, vit dans le Bronx et y enchaine les petits boulots de videur pour subvenir aux besoins de sa famille. Étant à la recherche d’un nouveau boulot, il atterrit chez Dr Don Shirley (Mahershala Ali), un pianiste noir de renommée mondiale. Ce dernier veut l’engager comme conducteur et garde du corps. À bord d’une Cadillac bleu flash, ils vont entamer leur road trip dans le Sud profond, un Sud où sévit encore et toujours la ségrégation. Un Sud où ils devront se référer au Green Book [1] pour savoir dans quels établissements Doc peut se rendre.

The Green Book nous relate une amitié improbable entre deux hommes que tout distinguait : la provenance sociale, identitaire, culturelle. Tony n’aurait jamais pensé pouvoir se lier d’amitié avec un black qui exige un piano Steinway pour jouer du jazz, et Doc, quant à lui, n’aurait jamais pensé aimer la compagnie de ce rital mal dégrossi qui s’arrête de fumer uniquement pour manger des pizzas ou des ailes de poulet.

Peter Farrelly, connu pour Dumb and Dumber (1994) et There’s Something About Mary (1998), réalisa The Green Book sur la base du scénario coécrit par Nick Vallelonga, le fils du véritable Tony Lip. Nick était encore gamin lorsque son père entreprit ce road trip avec Doc. Et lorsqu’il commença à travailler dans le monde du cinéma, il décida de mettre en images cette incroyable amitié. Il interviewa alors son père en l’enregistrant. Son père le renvoya vers Doc avec ces cassettes pour en approuver le contenu. Ce dernier confirma l’ensemble de ses dires et demanda uniquement à Nick d’entamer son film après sa mort. Ce fut donc en 2013, après la mort de son père et de Doc, que Nick se rendit chez Peter avec son scénario sous le bras. [2]

Au-delà de dénoncer la ségrégation raciale présente aux États-Unis, présente à l’époque mais également à l’heure actuelle (il est question de republier un Green Book pour indiquer aux Afro-Américains où ils feraient mieux de ne pas mettre les pieds [3]), ce film a une ambition universelle : celle de nous apprendre à dépasser nos premières impressions et à ne prendre personne de haut.

Récompensé trois fois aux Golden Globes (meilleur scénario, meilleure comédie, meilleur second rôle masculin), favori aux oscars avec quatre nominations (meilleur film, meilleur scénario, meilleur acteur, meilleur second rôle masculin), The Green Book, est un film à la fois drôle et émouvant par moments un peu couru d’avance, mais avant tout il nous fait entrevoir une belle part d’humanisme et de positivisme et nous fait rentrer heureux. Un véritable feel-good movie à voir absolument en salles !

Astrid De Munter