GOGO

Huit ans après le succès rencontré par Sur le chemin de l’école (2013) [1], Pascal Plisson nous revient avec un nouveau documentaire filmé au Kenya et consacré à Gogo.

Priscilah “Gogo” Sitienei, alias Gogo, mariée autrefois à un officier militaire mort pendant la guerre, est mère de 3 enfants, grand-mère de 22 petits-enfants et arrière-grand-mère de 52 petits enfants. Ayant été sage-femme durant toute sa vie, elle décide à 90 ans de se réinscrire à l’école Leaders Vision avec six de ses arrière-petites-filles, d’une part pour s’instruire, et d’autre part pour attirer l’attention, car elle est choquée de voir que tant de petites-filles ne vont pas à l’école ou arrêtent l’école parce qu’elles tombent enceintes. Du haut de ses 94 ans, Gogo suit les cours en CM2, ce qui fait d’elle l’élève la plus âgée du monde.

Le documentaire de Pascal Plisson est partiellement tourné en salle de classe où nous voyons Gogo interagir avec son institutrice et ses camarades de classe, et partiellement en extérieur, lors, par exemple, du voyage scolaire au Masai Mara. Au cours de ce voyage scolaire dont le bus jaune un peu brinqueballant nous a fait songer en souriant au road trip entrepris par Olive et sa famille dans Little Miss Sunshine (Jonathan Dayton et Valerie Faris, 2006), nous sommes amenés à voir des décors magnifiques ainsi que la faune riche d’Afrique filmée de près, nous faisant ainsi voyager au même titre que Gogo. La beauté et la magie de la nature rendent ce documentaire d’autant plus agréable à regarder.

Par ailleurs, bien que nous ayons par moments l’impression d’un scénario et d’une mise en scène un peu exagérés, il nous faut reconnaître avoir été émus par Gogo et son envie tenace d’apprendre, par la bienveillance des élèves et de l’institutrice à son égard, par la relation entre Gogo et sa meilleure amie Dinah, mais surtout par la douceur de son arrière-petite-fille Jepkoesh.

Bien que ce film ne soit pas un chef d’œuvre et connaisse quelques longueurs, nous en retiendrons néanmoins la beauté des paysages mais aussi la force du personnage central qui nous touche à plus d’une reprise et véhicule un message fondamental :

"Je veux dire à tous les enfants du monde, surtout les filles, que l’école sera votre force, votre richesse, alors foncez. Moi, je prie Dieu qu’il me laisse terminer mes études, même si j’ai cent ans le jour de mon certificat. »

Astrid De Munter