FREE ZONE

En 2003 Amos Gitai décide d’initier un tryptique autour des réalités politiques de cett partie irascible du monde : le Proche-Orient.

« Alila » (2003), le 1er panneau de l’œuvre, explore les difficultés rencontrés par les Juifs et les Arabes de vivre ensemble, « Promised land » (2004) accentue la décomposition de leurs relations et « Free Zone » troisième volet, se clôt sur un constat d’échec symbolisé par une dispute entre deux femmes, une israëlienne Hanna et une palestinienne Leila, qui ont manqué de peu la possibilité de s’entendre.

3 rythmes pulsent le film.

Celui de l’immobilité de la première scène : long plan séquence sur Rebecca, jeune américaine de passage à Jérusalem.
Elle pleure sur un chagrin privé (sa rupture d’avec son fiancé) qui devient, au fil de l’égrènement d’une comptine locale le symbole d’un chagrin collectif engendré par l’incapacité de l’homme à mettre un terme à l’enchaînement des causes et des effets déclencheurs de catastrophes.

Celui du road-movie le film étant une traversée d’Israël en land-rover jusqu’en Jordanie et sa zone franche - sorte d’enclave où les revendications nationalistes se tassent au profit du commerce

Celui du cul-de-sac enfin parce que Hanna s’est déplacée pour rien. La créance dont elle est venue réclamer paiement ne sera pas honorée.

Si ce film pose un regard clairvoyant et non dépourvu d’humour sur la vitesse avec laquelle un dialogue peut devenir dispute lorsque les rancoeurs personnelles croisent les antagonismes historico-politiques, son dernier plan pose une interrogation grave à laquelle le spectateur est libre d’apporter sa propre réponse.
Liberté d’opinion qui est, comme un écho de celle que chacun porte, selon sa sensibilité personnelle, sur les événements du Proche Orient.

Le musée du cinéma rend, ce 17 novembre, hommage au cinéaste Gitai dont le courage, la lucidité et la tolérance méritent amplement une standing ovation. (m.c.a)