Bio-fiction
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FIRST MAN

Damien Chazelle (Etats-Unis, 2018)

Ryan Gosling, Claire Foy, Jason Clarke, Kyle Chandler, Pablo Schreiber, Corey Stoll…

140 min.
17 octobre 2018
FIRST MAN

Deux ans après son « La La Land » qui avait ouvert la Mostra de Venise (et reçu 6 Oscars par la suite, dont celui du meilleur réalisateur) Damien Chazelle revient avec un nouveau film, « First Man », lui aussi présenté en ouverture à Venise. Le cinéaste de 33 ans s’attaque cette fois-ci au genre du biopic. « First Man » s’inspire de la biographie de l’astronaute Neil Armstrong publiée en 2005 et signée James Hansen. Dans la peau de Neil Armstrong, on retrouve Ryan Gosling, absolument brillant dans ce rôle intense où il ne parle que très peu.

Le film relate huit années de la vie de Neil Armstrong, de la période où il était pilote d’essai (1961) avant de rejoindre la NASA par la suite et de devenir finalement le premier homme à marcher sur la Lune (en 1969).

Damien Chazelle fait le choix de nous parler avant tout de l’homme, bien plus que du héros américain. Le réalisateur s’attache particulièrement à la vie personnelle de Neil Armstrong, un père dévasté par la perte d’un de ses enfants et qui se dévouera corps et âme à son nouveau travail. Il fera de nombreux sacrifices au niveau de sa vie privée pour atteindre son objectif professionnel. Les sacrifices à faire pour réaliser son rêve, voilà le thème de prédilection de Damien Chazelle qui l’avait déjà abordé dans ses deux films précédents. (« Whiplash » relatait l’histoire d’un jeune batteur de jazz obsédé par son désir de réussir et « La La Land » présentait deux personnages qui choisissent de sacrifier leur amour pour poursuivre leurs rêves professionnels)

Contrairement à un film hollywoodien typique sur la conquête de l’espace (qui verserait dans le spectaculaire et le patriotisme) « First Man » se focalise tout particulièrement sur le côté aléatoire et les nombreux risques de toutes les missions spatiales. Les navettes qui n’ont pas l’air beaucoup plus sophistiquées qu’une casserole à pression et qui font des bruits assourdissants tout en secouant les astronautes jusqu’à leur faire perdre connaissance, (lorsqu’elles ne prennent pas feu ou n’explosent) nous font prendre bien conscience du grand danger encouru par ces hommes. Le coût des opérations est lui aussi maintes fois souligné, à travers le mécontentement grandissant de la population américaine se demandant à quoi servent toutes ces missions si onéreuses. Comme le remarque l’épouse de Neil Armstrong (interprétée par l’excellente Claire Foy), rien n’était vraiment sous contrôle, la NASA et les astronautes étaient tels des gamins faisant du modélisme, tout en prenant d’énormes risques et en perdant de nombreuses vies humaines. Le parcours de Neil Armstrong dans le film est d’ailleurs ponctué par les morts de ses collègues et amis.

Bien qu’en IMAX, « First Man » est souvent visuellement oppressant (tout en restant toujours captivant). Suivant Ryan Gosling de très près dans des espaces très confinés, le film plonge le spectateur dans le périple de son personnage principal. Les plans larges de la terre, de l’espace et de la Lune n’en apparaissent que plus éblouissants. Touchant sans jamais devenir larmoyant, bénéficiant d’un jeu d’acteurs absolument excellent et d’une magnifique photographie, « First Man » confirme une fois de plus le grand talent de son jeune réalisateur.

(Nadia Vodenitcharov)