Bof ...
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EXIT THROUGH THE GIFT SHOP

Banksy (GB 2010)

Thierrey Guetta, Shepard Fairey, Rhys Ifans

97 min.
15 décembre 2010
EXIT THROUGH THE GIFT SHOP

Peut-être.

Que si comparaison n’est pas raison, elle est émotion.

Peut-être dès lors que l’apport d’une création est impacté par ce qui a été vu juste avant.

Peut-être que si je n’avais pas vu avant "Exit …” le magnifique documentaire consacré par Marc-Henri Wajnberg au photographe Evgueni Khaldei (*) dans le cadre d’une rétrospective de l’œuvre de ce dernier organisée au Botanique, aurais-je pu, comme la plupart des chroniqueurs et journalistes, trouver formidable le film réalisé par Banksy.

Cet artiste (?), cet intervenant en troubles de conscience depuis qu’il a parsemé une attraction de Disneyland de mannequins déguisés en détenus de Guantanamo.

Ce phénomène qui a fait du street art un genre pictural et qui maintenant, pour son premier long-métrage s’amuse à épingler, à travers les péripéties d’un personnage, Thierry Guetta dont on se demande s’il est de réalité ou de fiction, les us et coutumes du marché de l’art.

Amusé, voilà l’adjectif qui est à retenir de ce travail avant tout ludique, parfois drôle et féroce, mais tellement fat, manipulateur, pérorant et superficiel. Si superficiel.

Par rapport à l’essentialité d’un Khaldei qui pendant 50 ans a témoigné de son temps à l’aide d’un geste précis et pur - appuyer sur le déclencheur du Leica au moment juste - et avec un sens époustouflant du cadrage qui donne à ses images une parole forte et engageante.

Si Khaldei a toujours avancé à visage découvert (jusque dans ses méprises sur le stalinisme), Banksy agit (sévit) masqué.

Si l’on comprend que ne connaître ni le visage, ni le nom de ce graffeur qui élit les murs pour les « pocher », de préférence la nuit, de silhouettes animales ou les collections de l’État pour les relooker, fait partie d’un jeu de cache-cache avec les règles sociétales et muséales, on peut aussi douter, en raison du préfixe (bank) du pseudonyme qu’il s’est choisi, de ses intentions affichées d’être avant tout un trublion.

Un rebelle visant à tourner en bourrique un monde de l’art prompt à porter aux nués ce qui est illégal.

Moins Zorro de l’art des rues que créateur soucieux de ridiculiser tous ceux, emblématisés par Thierry Guetta, qui s’aventureraient sur son terrain de création

Comme si Banksy souhaitait, en dégainant l’arme fédératrice du loufoque sur grand écran, en défendre le monopole contre toute intrusion malvenue.

Monopole devenu rentable. « Bank » able depuis qu’Angélina Jolie a acheté près de 250.000 € sa version détournée (**) du « Déjeuner sur l’herbe » de Manet.

"Touche pas à mon pote" est devenu "touche pas à mon aérosol" (mca)

(**) célèbre pour sa photo de mai 1945 prise à Berlin montrant un soldat russe agitant le drapeau rouge sur le toit du Reichstag.

(**) détournée par l’adjonction d’une dizaine d’Africains regardant une famille de blancs en train de pique-niquer.