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Coup de coeurEvil does not exist

Ryusuke Hamaguchi

Hitoshi Omika, Ryo Nishikawa, Ryuji Kosaka

106 min.
10 avril 2024
Evil does not exist

Takumi et sa fille Hana vivent en harmonie avec la nature dans leur village, Mizubiki. Leur quotidien serein, ainsi que celui de tous les autres habitants du village, va être chamboulé par l’arrivée d’un projet de glamping. Un danger pour l’équilibre de leur environnement jusqu’alors respecté par tous.
Après Drive my car (2021) qui avait mis en lumière tout son talent, Ryusuke Hamaguchi continue de surprendre avec cette nouvelle œuvre à la mise en scène minimaliste mais réfléchie et captivante.
Evil does not exist est un film qui se laisse dévorer auditivement parlant par sa musique (composition lancinante et mélancolique d’ Eiko Ishibashi) ou par ses silences puissants, mais qui nous emporte aussi visuellement.
Il est un film qui se contemple d’abord : de longs travellings sur la cime des arbres, des plans fixes sur le quotidien de son protagoniste, Takumi. Homme à tout faire, il est au service des autres et de la nature. On le voit couper du bois, remplir des bidons d’eau, le tout avec délicatesse et précision. En tant que spectateur, on contemple la nature avec émerveillement. Elle est un personnage dans cette histoire, traitée avec beaucoup de considération par les villageois mais aussi par Hamaguchi, dont la mise en scène met en évidence la beauté des paysages.
Le film se ressent ensuite lorsque la vie paisible des villageois se voit mise à l’épreuve par l’arrivée d’un projet initié par des citadins, négligeant et méconnaissant l’environnement du village. On comprend leur appréhension quant à la potentielle destruction de la nature avoisinante et on craint avec eux de la voir malmenée.
Enfin, par sa fin très mystérieuse, le film nous laisse en réflexion quant au symbolisme qui se cache dans ses dernières minutes.
Evil does not exist propose un portrait intéressant de l’âme humaine et du savoir-vivre : montrant d’abord l’ignorance des uns, ici celle des gens de la ville défendant un projet qui ne respecte pas les règles établies en harmonie avec la nature. Cependant, Hamaguchi ne se contente pas d’un simple manichéisme. Il permet à ses personnages, d’abord antagonistes, de se remettre en question. Malgré leurs différences, ils entrent en dialogue avec la communauté villageoise et en particulier avec Takami, pour entrer petit à petit en communion avec la nature.
Un film subtil et délicat mais aussi puissant qui fait réfléchir par son aspect écologique ou par ses choix scénaristiques métaphoriques.

Flore Mouchet