Karla Sofía Gascón, Zoe Zaldana, Selena Gomez, Adriana Paz
Avocate brillante pour un cabinet soucieux de protéger les intérêts des criminels plutôt que de faire justice, Rita (Zoe Zaldana) se voit approchée pour remplir une mission particulière. Elle rencontre le chef de cartel Manitas (Karla Sofía Gascón) qui lui expose son plan : devenir une femme. Devenir Emilia Perez.
Difficile de classer le nouveau film de Jacques Audiard Emilia Perez. Il est certainement un mélange d’éléments improbables : un mafieux voulant devenir une femme, le milieu des cartels mêlé à l’univers de la comédie musicale. De prime abord, Emilia Perez est surprenant. Tout du long surtout, il parvient à nous maintenir captivé par l’histoire qu’il nous raconte et la manière par laquelle il le fait. Un film puissant, presque nécessaire car il aborde des sujets sociétaux importants de notre époque, à commencer par la transgenrisme. Nous assistons à la naissance et à l’éclosion d’Emilia Perez.
Si Emilia Perez est la protagoniste de l’histoire, le long-métrage met aussi en avant les femmes qui l’entourent et leurs relations entre elles. Audiard propose des portraits de femmes fortes, hautes en couleur, sublimés par l’interprétation de ses actrices. Si le Festival de Cannes a donné le prix d’interprétation aux quatre actrices, il semble juste de dire que le film a réellement trois protagonistes : Rita, Jessie (interprétée par Selena Gomez) et surtout Emilia Perez. Sans enlever la qualité des performances de Zoe Saldana (vraiment extraordinaire) et de Selena Gomez, le prix aurait pu être remis simplement et symboliquement à Karla Sofía Gascón, qui délivre une performance époustouflante.
La dynamique entre les protagonistes est ce qui retient notre attention durant toute sa durée (qui tire un peu en longueur vers la fin). Au-delà de ses actrices et de ses personnages, Emilia Perez brille aussi grâce à sa superbe mise en scène. Le tout est parfois excessif, comme l’est quelquefois le travail d’Audiard, mais toujours remarquable. Quant aux scènes musicales, certaines sont étourdissantes et rythmées, d’autres plus oubliables mais fonctionnent dans le tout.
Il est rare de sortir d’une salle de cinéma et d’avoir l’impression d’avoir regardé un long-métrage inédit. C’est pourtant le sentiment que vous pourriez avoir après le visionnage d’Emilia Perez. Une chose est sûre, vous ne passerez pas à côté de l’intensité du film et de ce spectacle aussi beau et artificiel que profond.
Flore Mouchet