Chronique sentimentale
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ELSA & FRED

Marcos Carnevale (Espagne/Argentine 2005 - distributeur : CNC)

China Zorilla, Manuel Alexandre

111 min.
30 mai 2007
ELSA & FRED

Voilà un film charmant et agréablement tonique qui plaira à tous ceux et celles qui refusent de croire que tomber en amour demande d’être beau, en bonne santé et dans la verdeur de l’âge.

Dans son délicieux « La femme coquelicot », Nicole Chatelet trouvait les mots pour dire que les désirs de plaire, d’aimer et d’être aimé étaient inextinguibles. Elle rappelait, ce qui en cette étrange époque d’exaltation du jeunisme relève presque de la transgression, que « les peaux sont douces d’être usées, d’avoir été frottées contre le temps… »

Marcos Carnevale met ces mêmes désirs en images tendres et cocasses qui séduisent par leur simplicité.

« Elsa & Fred » est un récit velouté dont la trame est tissée de pudeur et de gentillesse. Non pas cette gentillesse un peu sotte et niaise qui agace mais celle qui touche parce qu’elle vient de ce noyau du cœur, infragable comme le centre de l’atome, qui a envie d’espoir, d’amour, de complicité fraternelle et charnelle avec le sexe opposé.

Elle à 82 ans mais par coquetterie n’en avoue que 78. Elle est excentrique, curieuse et mythomane. Pas vraiment menteuse, juste soucieuse de donner aux évènements la couleur qu’elle estime plus appropriée à ses fantasmes.

Il en a 77 ans, il est veuf depuis peu et ne connait de l’existence que les aspects les plus ordonnés et sérieux.

Ils apprendront à se connaître et à reconnaître en l’autre la part d’essentiel qui leur manque.

Quand elle partira, il aura appris qu’il est plus gai de vivre sa vie que d’anticiper les maladies qui la gâcheront. Avant qu’elle ne parte, il l’aura soutenue et accompagnée dans la réalisation de son rêve : prendre, comme Anita Ekberg dans « La dolce vita » de Fellini, un bain dans la fontaine de Trevi.

Même si deux bémols atténuent quelque peu l’entrain suscité par cette comédie, ils ne sont pas suffisants pour en affadir l’optimisme. Le premier concerne la soumission à la mode actuelle de n’accorder du prix à la vie que si une maladie incurable en souligne la courte et précieuse temporalité.

Le second porte sur le manque d’inventivité d’une mise en scène qui rappelle, par sa platitude, le manque d’exigence de la plupart des réalisations pour la télévision.

L’enjouement du propos aurait mérité un traitement formel plus piquant. Plus à l’unisson de la vitalité dégagée par Fred & Elsa. (m.c.a)