Comedie aigre-douce
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ELLE L’ADORE

Jeanne Herry

Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Pascal Demolon, Olivia Côte

105 min.
24 septembre 2014
ELLE L'ADORE

« Si j’existe, j’existe, c’est d’être fan », chantait Pascal Obispo en 2004 afin de rendre hommage à son idole, Michel Polnareff… Jeanne Herry connaît bien la chanson : fille de Miou Miou et de Julien Clerc, elle a côtoyé des fans durant des années. Pour son premier film, la jeune réalisatrice a donc opté pour un sujet qui lui est familier («  Elle l’adore est mon film de petite fille, confie Jeanne Herry) mais qui est abordé par le biais d’une comédie noire qui n’a rien d’un disque rayé de Chantal Goya.

Séparée de son mari, mère de deux enfants, Muriel (Sandrine Kiberlain) partage son train-train quotidien entre son travail d’esthéticienne et la passion qu’elle voue à son idole de toujours, Vincent Lacroix (Laurent Lafitte), un chanteur de variétés à succès. Pour lui, elle serait prête à tout. Lorsqu’un soir, il sonne à sa porte et sollicite sa complicité afin de se débarrasser d’un encombrant paquet, c’est sans aucune hésitation et sans poser de questions qu’elle accède à sa demande.

Le film prend son temps pour camper ses personnages et entrer dans le vif de l’intrigue. Le spectateur est donc soigneusement placé dans l’expectative avant que les choses ne dérapent et ne s’emballent vraiment. Pourtant, si attente il y a, l’impatience n’a toutefois guère l’occasion de se frayer un chemin car l’humour et le cynisme qui corsent les dialogues, détournent le spectateur de tout ennui.
La star habituée à se retrouver sous les feux des projecteurs se retranchera petit à petit dans l’ombre d’une groupie qui, de l’aveu forcé de l’artiste, « n’est rien du tout » mais qui pourtant ne doute de rien. Un tantinet mythomane, Muriel ment avec l’aplomb et la truculence d’une femme qui croit de manière indéfectible à la véracité de ses mensonges. La verve habituelle d’une Sandrine Kiberlain qui n’a pas froid aux yeux, est au rendez-vous, et Laurent Lafitte parvient, à travers ses regards, ses silences et ses crispations, à donner de l’envergure à un anti-héros angoissé et piégé par ses propres machinations.

Pour un premier film, Elle l’adore offre donc une belle petite surprise. Certes, il ne déchaînera pas les foules comme un Stromae en concert mais il mérite d’être applaudi comme l’est un bon chanteur faisant la première partie d’un artiste reconnu.

( Christie Huysmans )