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ELEFANTE BLANCO

Pablo Trapero

Ricardo Darin, Jérémie Renier, Martina Gusman,...

105 min.
13 mars 2013
ELEFANTE BLANCO

Le réalisateur argentin reste dans la veine dramatique en nous dressant le portait de deux prêtres, Julian (Ricardo Darin) et Nicolas (Jérémie Renier) qui s’unissent dans une lutte interminable pour combattre le crime et la pauvreté dans les bidonvilles de la banlieue de Buenos Aires, de leur acharnement dans la construction d’un hôpital baptisé l’éléphant blanc.

La problématique est universelle et en phase avec les dures réalités du moment. Cette situation très réelle nous est montrée au travers d’un tableau particulièrement sombre, celui d’un environnement noirci, perverti par la cruauté de l’homme, sans toutefois tomber dans la surenchère de violence. En plus d’être tourné dans de véritables bidonvilles, le film met en scène des personnes issues de ce milieu défavorisé, des enfants témoins des atrocités du monde, de ce quotidien qui est le leur. Mais le réalisateur réussit tout de même encore à capter la beauté dans les paysages et certains contacts humains, en dépit de l’injustice qui frappe le pays.

Le duo belgo-argentin fonctionne étonnamment bien et représente la confrontation de personnages qui tendent vers le même but mais avec des points de vue très divers sur l’implication et la façon d’agir au sein d’un conflit. L’un incarne l’ancienneté et la sagesse, l’autre la jeunesse et la nouvelle philosophie. Alors que Ricardo Darin (*) nous fait preuve encore et toujours de son charisme, on se plait également à voir Jérémie Renier dans un rôle différent. Le comédien, nominé mais malheureusement pas récompensé aux Césars pour sa prestation, offre une vision plus actuelle et nuancée de la prêtrise. Sa foi se verra en effet ébranlée face aux absurdités des actes des dirigeants qui oppriment le peuple mais également en raison de ses envies.

Ce thriller sous fond d’arrière-plan historique, celui du Mouvement des prêtres du Tiers-Monde né dans les années 70 et des liens étroits entre l’Église et la politique, tend vers une fin sans surprise mais pas dénuée d’intérêt. Un film qui nous prouve heureusement que le médium cinématographique ne sert pas uniquement à divertir mais aussi à sensibiliser, voire parfois à rendre justice.

Bénédicte Eïd

 

(*) On retrouve l’acteur notamment dans le mélodrame historique oscarisé, Dans ses yeux où il y interprète le rôle principal.