Comédie
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DE VRAIS MENSONGES

Pierre Salvatori (France 2010 - Distributeur : Paradiso Filmed Entertainment)

Nathalie Baye, Audrey Tautou, Sami Bouajila

95 min.
8 décembre 2010
DE VRAIS MENSONGES

« De vrais mensonges » et un charme léger qui se dégage de ce film à l’écriture à la fois simple et sophistiquée, à la cohérence interne et qui en même temps s’emboîte, avec la justesse d’une pièce de lego, dans la thématique d’un réalisateur.

Qui dans deux de ses films précédents abordait déjà les conséquences inhérentes au refus de dire la vérité.

Dans « Comme elle respire », Jeanne (une Marie Trintignant délicatement déjantée) est mythomane.

Dans « Hors de prix » Jean (un Gad Elmaleh) pour séduire celle qu’il aime adopte un mode de vie de milliardaire alors qu’il est un modeste serveur dans un hôtel ****.

Continuant son exploration de « la vérité du mensonge » - à ne pas confondre avec le « mentir-vrai » cher à Aragon (*) - Salvatori accentue son approche de l’affabulateur en soulignant que la motivation de ce dernier est souvent une envie de partager une énergie.

Une énergie d’amour. Présentant le fait de mentir comme une des facettes de l’affection.

En l’occurrence l’affection d’une fille pour sa maman.

Emilie reçoit une lettre d’amour anonyme. Elle décide de l’envoyer à sa mère. Espérant ainsi sortir celle-ci d’un poisseux chagrin depuis le départ de son époux.

Pour donner corps à ce récit deux actrices dont le duo secrète une (affectueuse ?) complicité facilitant l’entrée du spectateur dans une histoire aux rebondissements qui, comme dans une démonstration géométrique, s’enchaînent avec une logique évidente quoique toujours en péril d’être démontée par un collier de quiproquos et malentendus parfois il est vrai un tantinet laborieux.

Comme depuis son premier film « Cible émouvante » le réalisateur continue à porter sur ses personnages un regard tendre et doucement drôle.

Délaissant néanmoins l’option « grain de folie » à laquelle Jean Rochefort, Guillaume Depardieu et la déjà nommée Marie Trintignant avaient su donner corps et allure. Empêchant ainsi les films dont ils étaient les cariatides de tomber dans une trop gentille consensualité.

Écueil que n’évite pas « De vrais mensonges ».

Que l’on aurait aimé moins pétri de bons sentiments et plus boosté d’irrévérence spontanée.

« De vrais… » est une comédie boulevardière (un peu hystérique ?) dans laquelle Feydeau aurait été remplacé par un scénariste de sitcom (mca) 

(*) la narration fictionnelle (et donc transformatrice) de la réalité est plus proche de la vérité des faits que la reproduction directe et immédiate de ceux-ci - in " Le mentir-vrai" paru en poche Folio.