Gildas Adannou, Habib Ahandessi, Joséa Guedje
Novembre 2021. Vingt-six trésors du Dahomey quittent Paris pour être rapatriés vers leur terre d’origine, devenue le Bénin. Ces reliques, ainsi que des milliers d’autres, furent spoliées durant l’invasion des troupes coloniales françaises. Ce retour au pays amène, pour les Béninois, questionnements et débats sur leur identité culturelle.
Mati Diop, cinéaste franco-sénégalaise, revient cinq ans après son premier film Atlantique qui avait connu un succès critique. Si ce dernier versait entre politique et fantastique, dans une sublime fiction, Dahomey, lui se situe entre fiction et documentaire. Le film vient nous cueillir par une voix abyssale, celle du roi Ghézo, une des vingt-six statues restituées qui s’apprête à rentrer chez lui. Il s’interroge sur la réaction de son peuple à son retour et sert de fil rouge durant l’heure que dure l’œuvre.
La restitution de ces œuvres implique un retour d’une (petite) partie de la culture matérielle aux Béninois. Avec plusieurs milliers d’autres, ces œuvres furent pillées lors de l’invasion des troupes coloniales françaises en 1892. Cependant, la population a appris à composer avec l’absence de cet héritage volé impunément et se questionne. Dans la deuxième partie de Dahomey, on nous présente une variété de réactions : des opinions très personnelles, et on assiste avec curiosité à ces échanges.
Sur le fond, Dahomey est captivant et aborde un sujet trop longtemps effacé du paysage politique et médiatique européen. Sur la forme cependant, quelques éléments empêchent de s’immerger entièrement dans ce film-documentaire. Déjà, sa durée (à peine plus d’une heure) et ce faisant, le manque de plongée en profondeur. Il y a tant de choses à dire sur le sujet, sur sa contextualisation par exemple, mais sa réalisatrice, Mati Diop, se “contente” de nous faire observer les évènements reliés à cette restitution.
Second point, un effet de longueur (surtout durant la première demi-heure) un peu dommage compte tenu de la durée du film. La faute sans doute à une mise en scène lente, aux plans fixes abondamment utilisés, et qui n’incite pas à être captivé par ce qui nous est raconté, montré.
Dahomey reste malgré tout une œuvre de docufiction (mélange très bien exécuté) à voir ... mais qui vous laissera peut-être sur votre faim.
Flore Mouchet