Comédie sociale
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CYRUS

Jay et Mark Duplass (USA 2010)

Christine Keener, Marisa Tomei, John C. Reilly, Jonah Hill

92 min.
24 novembre 2010
CYRUS

S’il est vrai que le titre est la première accroche d’un film, celui de la réalisation des frères Duplass est à tout le moins captieusement « prénommé ».

Comme si le but était de titiller le spectateur en suscitant d’emblée un questionnement : pourquoi Cyrus et non pas Œdipe alors que le nœud de l’intrigue est une relation pour le moins toxique entre une mère et un fils.

Le héros des Duplass a 21 ans. Il est obèse, mal dans ses relations avec lui-même et avec les autres. Il forme avec sa génitrice une dyade qu’il n’entend pas remettre en question lorsque celle-ci tombe amoureuse.

Voir en « Cyrus » une espèce de « Tanguy » américain, serait reconnaître aux réalisateurs un regard de sociologue alors que leur propos est avant tout anecdotique, soucieux de ne pas perturber l’envie des spectateurs de se distraire en compagnie d’acteurs sympathiques et attachants.

Notamment un surprenant Jonah Hill, hybride humain entre le bébé cadum et le pervers polymorphe.

Si la caméra des cinéastes avait été moins dolente, si leur écriture avait été moins sacrificielle d’une certaine rigueur au bénéfice d’une improvisation souvent bâclée, « Cyrus » aurait pu être un enchaînement véloce et féroce de saynètes captant la perversion de relations dont Freud a fait son vinaigre et pointant la difficulté d’accepter dans une basse-cour un nouveau prétendant au titre de coq. 

A défaut de cette causticité attendue pendant plus d’une heure, ne reste qu’une comédie calibrée « cinéma sundancien » portée par un quatuor d’acteurs à l’aisance épatante.

Jonathan C. Reilly attachant dans son rôle (en front de scénario *) déprimé obligé de se défendre contre les sournoises agressions de son futur beau-fils avance entouré de deux cariatides pleines de vitalité. L’une, Christine Keener, blagueuse et optimiste, l’autre Marisa Tomei plus sombre mais tout aussi charmante.

« Cyrus » n’exclut pas de sa syntaxe les notions de vulgarité et de lourdeur estampillées Judd Apatow. Celles-ci ne sont pas néanmoins suffisantes pour refuser d’aller voir ce film dont l’ambiance de mâle face-à-face digne d’un western de série B réserve une part belle à la générosité et à une fin dont l’happy end (un peu forcé) met de bonne humeur. (mca)
 
(*) après avoir pendant longtemps était abonné aux seconds rôles chez Terence Malik (« The thin red line ») ou Paul Thomas Anderson (« Magnolia »).