Confidente

Ankara, 1999. Arzu (Saadet Isil Aksoy), opératrice dans un centre d’appels érotique, enchaîne les appels tarifiés.
Mère célibataire, elle y travaille clandestinement pour pouvoir payer son avocat et récupérer la garde de son fils.
Lorsqu’un séisme frappe soudainement Istanbul, le jeune homme avec lequel elle était en ligne est pris au piège et coincé sous les décombres.
Il la supplie de le sauver, d’appeler les secours.
Arzu consigne dans son petit carnet les déviances de ses clients. Elle connaît la personne qui peut mettre en route l’aide urgente. Elle va tout faire pour le joindre, au détriment de sa propre sécurité.
Thriller psychologique et politique mais efficace, tourné principalement à l’intérieur, qui s’appuie sur le hors-champ, le film propose un portrait de femme, qui combat pour sa dignité.
Le film souffre de vraisemblance de certaines scènes, un abus de péripéties aussi mais la manière de matérialiser les hommes à l’autre bout du fil, la voix, l’élocution, les silences, sont bien rendus. A part son manager, qui la poursuit de ses assiduités, la gent masculine est physiquement absente du film. Il dénonce la condition des femmes et la corruption en Turquie dans ce huis clos étouffant. Il pointe la violence des hommes, le cynisme des élites, la rivalité entre collègues, la misère sexuelle et l’exploitation dont sont victimes toutes les femmes.
Le rythme du film est implacable et anxiogène. On retient surtout la performance de Saadet Isil Aksoy, remarquable de justesse, qui sert à merveille ce personnage de femme piégé dans la tourmente. Les autres profils sont à peine esquissés, à l’exception de son patron, petit proxénète véreux.
Le discours final de Arzu, accompagné par la chanson ”Douce” de Clara Ysé résume la lutte que les femmes doivent mener dans ce pays et dans bien d’autres pour gagner leur indépendance.

EN AVANT PREMIERE Au Palace le 28.11 à 21H30 et le 5.12 à 18H00
Présenté dans le cadre du Cinémamed
Présenté en Panorama à la Berlinale

Drossia Bouras