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Close

Lukas Dhont

Eden Dambrine, Gustav De Waele, Emilie Dequenne

105 min.
1er novembre 2022
Close

En 2018, Lukas Dhont a remporté la caméra d’or pour son film Girl. Quatre ans plus tard, âgé de 31 ans seulement, il se fait de nouveau remarquer avec Close, son deuxième long-métrage, qui lui valut le Grand Prix à Cannes en 2022 et représentera la Belgique aux Oscars.

Âgés de 13 ans, Léo (Eden Dambrine) et Rémi (Gustav De Waele) sont amis depuis toujours. Ils ont néanmoins atteint cet âge critique, cet âge où toutes les certitudes, comme celle de l’amitié éternelle, sont ébranlées par la société dans laquelle chacun tente de trouver sa place. Si dès les premières images du film on peut les voir courir, faire du vélo à travers les magnifiques champs de fleurs et jouer à cache-cache (scène qui se répétera par la suite), la coupure dans le montage pour l’arrivée à l’école est nette : il n’y aura plus de retour en arrière. Les images idylliques du début ne seront plus.

Une fois arrivés à l’école, sous le regard interrogateur des autres élèves qui lui demandent s’il forme un couple avec Rémi, Léo est déstabilisé et pense devoir endosser le rôle d’un « vrai mec ». Si sa première réaction est de passer outre ces remarques, il prendra malgré tout du recul par rapport à Rémi par la suite et finira même par le rejeter physiquement. Rémi ne parviendra pas à gérer cela, et l’impensable déchirera cette relation qui fut si belle.

Si Lukas Dhont aimerait avec Close mettre en relief l’importance de la « connexion », de l’amitié après une période de pandémie où nous nous sommes tous retrouvés relativement isolés, il désire avant tout parler de la masculinité et de cette société où les garçons sont amenés, dès leur plus jeune âge, à ne pas cultiver la tendresse et la vulnérabilité .
Il ne s’agit pas pour le réalisateur de traiter des thèmes tels que l’homosexualité ou l’homophobie, mais bien de déconstruire les stéréotypes masculins liés à la guerre et au combat afin de laisser la place à l’amitié, à la connexion et également à la tendresse. Et c’est là que réside toute la force du film.

Il s’agit bien là d’un sujet universel, car dans presque toutes les sociétés, les hommes se doivent d’être durs et de mettre de côté leur sensibilité. Les deux jeunes acteurs Eden et Gustav interprètent cela à merveille. Au travers de longs travellings et de plans très rapprochés, le réalisateur nous plonge dans l’intimité de ces deux garçons, qui ne peut que nous toucher. Car qui ne rêverait pas de vivre une telle complicité ?

Malheureusement, une amitié est extrêmement vulnérable à cet âge, presque chaque obstacle peut devenir un réel problème. Et les scènes de cache-cache, loin d’être anecdotiques, peuvent nous faire penser à la recherche de l’autre dans un premier temps, mais symbolisent en fait la recherche de soi, dans un monde qui pose un regard critique constant sur chacun d’entre nous et peut rendre cette quête particulièrement difficile.

Si Lukas Dhont rêve des Oscars depuis ses 12 ans et espère que Close rendra la Belgique fière , nous ne pouvons que lui assurer que c’est déjà le cas.
La Belgique est fière des sujets qu’il traite, mais surtout de la manière dont il le fait, et ce tout en revendiquant un cinéma bilingue. Un cinéma qui traite donc de sujets universels à travers le prisme de notre petit pays. Nous ne pouvons qu’espérer que ce jeune prodigue sera récompensé et qu’il verra son rêve se réaliser.

Close est un petit bijou à aller voir au cinéma dès le 1er novembre.

Astrid De Munter