Chronique familiale
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CHICAS

Yasmina Reza (France 2010)

Carmen Maura, Valérie Dréville, Emmanuelle Seigner, Christelle Tual, Bouli Lanners, André Dussolier

84 min.
14 juillet 2010
CHICAS

Il arrive que le désœuvrement soit bon conseiller. Et mène à aller voir un film, certes inabouti et plutôt conventionnel mais attachant.

Pilar, la soixantaine bien sonnée, est amoureuse. Elle souhaite présenter son fiancé - un André Dussolier (*) très séduisant - à ses trois filles. Ses trois « chicas ».

Prétexte événementiel comme dans la première pièce de théâtre de la réalisatrice « Conversations après un enterrement » pour approfondir les noeuds et méandres qui soudent et fondent une famille. 

Pour disséquer dans une langue impeccable et limpide ce qui est tu lorsque des sœurs se retrouvent autour d’une mère heureuse alors qu’elles sont confrontées aux questionnements et doutes de la maturité.

Ai-je bien choisi mon époux ? Qu’arriverait-il si je tombais encore enceinte ? Pourquoi malgré mon succès professionnel suis-je toujours seule ?

Petite musique personnelle à chacune mais dans laquelle les spectatrices (plus sans doute que les spectateurs) se reconnaîtront aisément.

L’écriture de « Chicas » est proche de celle d’un récit court de la réalisatrice, « Nulle part » dans lequel avec retenue et en ombre portée sont capturés les souvenirs d’une enfance qui, malgré les douleurs d’un exil pudiquement filigrané, restent empreints d’un sentiment de confiance et de tendresse générationnelles.

Sentiments dont la disparition l’âge venant donne au présent son amère fragilité.

Il est fréquent de comparer Yasmina Reza au couple Jaoui-Bacri ou à l’homme de théâtre (et depuis peu de cinéma … hélas) Eric-Emmanuel Schmitt.

Si la réalisatrice sort plutôt victorieuse de la confrontation avec son confrère, il n’en est pas de même de son rapprochement avec les créateurs de « Cuisine et dépendances » ou du « Goût des autres » qui ont su hypnotiser une critique sensible aux valeurs (prêt-à-porter ?) d’une gauche sinon caviar du moins germanopratine.

C’est à fois dommage et injuste (voire cruel) car le regard de Yazmina Reza possède une lucidité et un humour qui mériteraient plus d’égard. (mca)

(*) dont le talent renvoie et renforce, lors d’un tête-à-tête cocasse et décousu sur les "drames" de la vie en copropriété, le sens de la répartie d’un Bouli Lanners en toute grande forme.