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CE QUE PENSENT LES HOMMES

Ken Kwapis

Jennifer Aniston, Jennifer Connely, Ben Affleck, Ginnifer Goodwin, Justin Long

130 min.
22 avril 2009
CE QUE PENSENT LES HOMMES

Dans cette romance hollywoodienne se croisent une belle palette d’acteurs et autant de personnages et d’histoires d’amour. « Ce que pensent les hommes » est une comédie romantique qui, dans une sorte de puzzle humain, se penche sur des êtres qui se trouvent à un tournant émotionnel de leur existence.

Pour les couples, l’heure est au bilan. Beth (Jennifer Aniston) partage sa vie avec Neil (Ben Affleck) depuis sept ans. Au seuil de la quarantaine, elle aimerait pouvoir se rattacher à la normalité du statut marital pour se rassurer sur la solidité de son couple et par la même, sur la valeur de son existence. Pourtant, pour son conjoint, leur vie n’a rien à envier à celle d’un couple marié. Ben (Bradley Cooper) et Janine (Jennifer Connelly) traversent une période de crise de confiance et symbolisent la deuxième alternative de vie de couple présentée dans le film. Pourtant, ce sont les regards croisés sincères de Jennifer Aniston et de Ben Affleck qui laissent une trace plus imperméable dans les mémoires, grâce à l’affection profonde de ces êtres qui s’aiment mais se disent au revoir parce que leurs attentes ne sont tout simplement pas en accord lors d’une phase de leur vie. Question de moment.

Autour d’eux erre un panel de célibataires dont le rêve est de trouver l’âme sœur. Certaines histoires manquent d’épaisseur, les personnages ne gagnent pas en densité et leurs relations laissent quelque peu insensibles. Ces derniers manquent de profondeur, frôlant parfois la caricature (Drew Barrymore en célibataire incapable de décoder les mécanismes de rencontre médiatisés par le monde virtuel, Scarlett Johansson en éternelle bombe sexuelle qui fait chavirer le cœur d’un homme marié ou encore Kevin Connolly dont la naïveté et le manque de clairvoyance sont peu crédibles). Néanmoins, d’autres se révèlent attendrissants de maladresse (Ginnifer Goodwin en stéréotype de la jeune femme en quête d’amour faisant fuir les hommes par ses tentatives de séduction, aussi désespérées qu’empressées ou Justin Long en barman branché fuyant inconsciemment tout engagement). Ceux-là recèlent d’une étincelle de vie et de réalité, de nostalgie et de mélancolie.

Malgré le nombre de personnages, l’univers de ce chassé-croisé reste globalement cohérent. Surtout, aucun n’est oublié une fois la séance terminée, évènement rare pour un récit-puzzle de ce genre où souvent, l’une ou l’autre ligne se trouve totalement éclipsée par d’autres. Malgré l’agacement ou le mépris pour certains personnages, ils laissent donc tout de même leurs empreintes dans les esprits. Pourquoi ? Sans doute parce qu’ils sont si exaspérants d’humanité.

Ce petit film léger et sans prétention inspiré d’un roman s’attarde donc sur l’incompréhension entre hommes et femmes. Cette fiction se montre relativement inégale, présentant autant de banalités que de perles dialogiques mais reste tout de même une savoureuse tranche de vie. Aussi, ce récit rappelle que le tic-tac imposé par la société n’est qu’une construction de plus qui enjoint aux personnes de s’adapter au moule de la normalité, comme le présente de manière exquise la séquence introductive, symptôme ultime du conditionnement social que subissent les petites filles (et par extension, sans aucun doute aussi, les petits garçons) dès leur plus jeune âge. L’envie de bouleverser et de redéfinir cette norme surgit soudain. En effet, parfois le bonheur se trouve tout simplement dans la marge, là où chacun construit son histoire comme il l’entend.

(Ariane Jauniaux)