Autour de la guerre
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CALIFORNIA DREAMIN’

Cristian Nemescu (Roumanie 2007 - distributeur : Benelux Film Distributors)

Maria Dinulescu, Razvan Vasilescu (*), Armand Assate, Jamie Elman

155 min.
9 janvier 2008
CALIFORNIA DREAMIN'

Inachevée et posthume - deux adjectifs qui ne sont pas nécessairement jumeaux -« California… » est l’accrochante farce d’un réalisateur dont la valeur n’a pas attendu le nombre des années. A 28 ans à peine, ses courts métrages (*) ont tous été primés à Berlin, Angers ou Milan.

Comme James Dean fauché, à peu près au même âge, par un accident d’auto à Cholame/Californie/ USA en 1955, Cristian Nemescu est mort fortuitement alors qu’il venait de terminer le montage provisoire, devenu par la force des choses définitif - ce qui n’est pas plus mal car remettre, à la Boileau, son ouvrage plusieurs fois sur le métier peut lui enlever une touchante spontanéité - du futur prix 2007 de la section « Un Certain Regard » qui, à Cannes, récompense les films qui nouent l’audace à l’originalité.

Ce qui plaît dans « California.. » c’est son allant, son énergie, son enjouement à épingler la folie burlesque qui s’empare d’ hommes et femmes, jeunes et plus âgés, défunts d’un communisme frustrant et en manque de recul par rapport aux lucioles attractives de l’Occident.

Depuis quelques années, la Roumanie - comme l’Allemagne - étoffe le cinéma international d’une qualité nouvelle capable d’arracher d’un douloureux passé des fantômes qui à la fois questionnent et font rire.

En 2006, deux films (**) prennent comme thèmes de réflexion la Révolution roumaine de 1989. En 2007 deux films rayonnent sur les écrans internationaux et cartonnent sur la Croisette. L’un par son tragique haletant (« 4 mois, 3 semaines, 2 jours » de Cristian Mungiu), l’autre par sa baroque vision du monde (« California… »).

En 1999, le Kosovo est en guerre. Un convoi de l’Otan a pour mission confidentielle de rallier la Serbie. Sous un prétexte futilo-administratif, le train est bloqué dans le petit village roumain de Capalnita.

Arrêt sur images au cours desquelles vont s’affronter deux façons de vivre l’Histoire, se déclarer de grands sentiments et se conjuguer les dérapages qui vont enfler de petites mesquineries à un point d’incandescence révélant à quel point la violence est toujours prompte à répondre "présente".

Il y a, dans « California… » un ton libertaire, loufoque et absurde qui fait penser aux premiers Milos Forman ou au « No man’s land » de Danis Tanovic.

Le tout sur un fond crépusculaire qui fait de Capalnita l’ombilic d’un monde scotché à l’incapacité de sortir de la rancune et de la désorganisation. Qui fait de Cristian Nemescu « A rebel with a cause » celle de dénoncer, avec la complicité de comédiens attachants, que le cauchemar peut être la roche tarpéienne du rêve. (m.c.a)

(*) un familier des films de Lucian Pintilie
(**) « Comment j’ai fêté la fin du monde » de Catalin Mitulescu et « 12H 08 à l’Est de Bucarest » de Corneliu Porumboiu.