Chronique dramatique
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Coup de coeurCACHE

Michael Haneke (France/Allemagne/Autriche/Italie 2005 - distributeur : Cinéart)

Juliette Binoche, Daniel Auteuil, Maurice Bénichou, Annie Girardot

99 min.
26 octobre 2005
CACHE

Georges (Daniel Auteuil) est journaliste littéraire, son épouse Anne (Juliette Binoche) travaille dans le monde de l’édition. Ils habitent, avec leur fils adolescent, une maison dans une rue tranquille à Paris.

Leur vie, jusque là apparemment banale et confortable, est perturbée par l’envoi anonyme de cassettes vidéo leur indiquant qu’à leur insu ils sont filmés. Filmés par quelqu’un qui va demeurer caché.

Ces cassettes sont accompagnées de dessins morbides qui laissent deviner que quelque chose a dû se passer dans la vie de l’un des personnages. Une de ces choses que l’on s’est empressé d’enfouir parce que s’en souvenir c’est se faire mal et risquer de réveiller un sentiment de culpabilité.

La police ne pouvant les aider à localiser l’origine de cette surveillance, Georges décide de mener l’enquête lui-même.

Enquête au cours de laquelle vont s’enchevêtrer les liens d’un histoire personnelle et d’une autre plus collective intimement rattachée à une épisode douloureux de l’histoire française : la guerre d’Algérie.

Depuis le générique dactylographié avec l’indifférence sonore des rapports de police, jusqu’à la dernière image inattendue et pourtant logique qui donne une clé possible quant à l’identité de celui qui s’est livré à ce jeu sans en soupçonner les conséquences dangereuses, le réalisateur dévide, à sa façon sèchement chirurgicale, les non-dits, les lâchetés, les mensonges qui encombrent l’âme de ses personnages.

Haneke est, depuis son premier film en 1992, le sulfureux « Benny’s video » un décapsuleur de la part de souffrance et de mal qui gît en chacun de nous.

A ce malaise insondable, il ajoute dans « Caché » celui de la manipulation voire du complot qui apporte un éclairage intelligent sur la sensibilité de plus en plus aigüe de nos sociétés modernes à la paranoïa, réponse inadéquate sans doute mais inéluctablement liée à l’angoisse générée par le monde de la sur-évaluation de l’image dans laquelle nous baignons. (m.c.a)