BOOMERANG

Antoine a quarante ans, il est père de deux enfants et vient tout juste de divorcer. Déprimé, il consulte un psy qui va l’aider à réaliser que la mort mystérieuse de sa mère est au cœur de ses angoisses. Celle-ci s’est noyée près de l’île de Noirmoutier il y a plus de trente ans. Un jour, sa sœur Agathe lui propose de retourner là-bas. Une fois sur place, les souvenirs ressurgissent et Antoine commence à croire qu’on lui cache la vérité. Lorsqu’il questionne son père ou sa grand-mère, ces derniers restent muets. Quant à Agathe, elle préfère ne pas remuer cette histoire qui appartient au passé. Mais les secrets de famille ne restent jamais éternellement cachés.

Adapté librement du roman éponyme de Tatiana De Rosnay, « Boomerang » est le troisième long-métrage réalisé par François Favrat avec Laurent Lafitte, Mélanie Laurent et Audrey Dana. Oscillant entre le drame familial et le polar, le film exploite une thématique bien connue du cinéma, celle du secret de famille. Le personnage principal, Antoine, est amené à fouiller le passé familial pour résoudre la cause de son mal-être. Nous voilà donc plongés en pleine psychanalyse freudienne, et ce n’est pas l’allure du psy qui nous fera croire le contraire. Le film prend peu à peu l’allure d’une enquête intrafamiliale dont les indices, semés au compte-gouttes, rythment le récit en surgissant à travers les souvenirs des personnages sous la forme de flash-backs dont l’utilisation, plutôt simpliste, est toutefois mieux maîtrisée que celle du flash-forward. François Favrat choisit en effet d’ouvrir son film avec la scène de l’accident de voiture d’Antoine et d’Agathe. Opérant ensuite un retour en arrière, nous aurions pu penser que cette scène ne reviendrait qu’à la fin du film. Il n’en est rien puisqu’elle réapparait quelques instants plus tard, nous laissant dubitatif face à son emploi. De plus, le réalisateur n’hésite pas à prendre son temps, et il faut attendre la moitié du récit pour que la recherche au secret opère un tournant intéressant. Mais le film s’alourdit de scènes qui ne cessent de retarder l’instant de vérité, ayant pour effet d’amoindrir l’émotion qu’on aurait dû ressentir au moment fatidique de la révélation.

Pour ce qui est de l’interprétation des acteurs, le duo frère et sœur entre Laurent Lafitte et Mélanie Laurent fonctionne bien. La jeune femme interprète avec retenue le rôle de la jeune sœur. Quant à Laurent Lafitte, on doute dans un premier temps car on a presque l’impression qu’il nous rejoue son rôle de l’amoureux pathétique dans « Les petits mouchoirs » de Guillaume Canet. Coïncidence, le personnage se prénommait également Antoine. Au final, c’est le genre de film que l’on regardera plutôt à la télévision qu’au cinéma. Dommage, car l’histoire est pourtant intéressante et le secret assez loin des clichés auxquels on aurait pu s’attendre.

( Nathalie De Man )