BLANCANIEVES

Muet, filmé en noir & blanc et en 4/3, Blancanieves arrive sur nos écrans après le grand succès international de The Artist , mais il faut noter que le projet de Pablo Berger est quant à lui antérieur à celui de Michel Hazanavicius.

Ne se contentant pas uniquement de rendre hommage au cinéma des années 20, Pablo Berger réussit le pari audacieux de se réapproprier et de réinventer les codes du cinéma muet.

Par la même occasion, il se réapproprie et revisite le conte des frères Grimm auquel il ajoute des touches très inventives qui placent cette adaptation de Blanche-Neige bien au-dessus des deux versions hollywoodiennes assez fades qu’on a pu voir l’année dernière ( Mirror, Mirror , destiné surtout aux enfants et centré sur Julia Roberts dans le rôle de la méchante reine, et Blanche-Neige et le Chasseur , qui s’adresse à un public un peu plus âgé car il est nettement plus sombre et violent, avec pour personnage principal Kristen Stewart en Blanche-Neige guerrière).

Dans son film Pablo Berger transpose l’histoire dans l’Espagne des années 20, sur un fond de tauromachie et de flamenco. (La musique de Alfonso de Vilallonga a par ailleurs remporté le Goya de la meilleure musique originale)

Avant d’être surnommée ‘Blancanieves’, l’héroïne s’appelle Carmen, et elle est la fille d’un grand torero et d’une chanteuse de flamenco qui meurt en la mettant au monde. Fuyant une belle-mère haineuse et jalouse, la jeune fille va faire la rencontre d’une une troupe de nains toreros…

La sublime image en noir et blanc joue habilement avec le clair-obscur. On peut tantôt remarquer des références à l’expressionnisme allemand, tantôt des touches inspirées de l’univers forain des Freaks de Tod Browning.

Véritable petit joyau, ce conte sombre et somptueux est un enchantement pour les yeux et les oreilles.
 

Nadia Vodenitcharov