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BATMAN - THE DARK KNIGHT

Christopher Nolan (USA 2008 - distributeur : 20th Century Fox)

Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Michael Caine

147 min.
23 juillet 2008
BATMAN - THE DARK KNIGHT

Il y a quelque chose de proprement incompréhensible, de presque magique avec le cinéma : le fait qu’il permette de voir, en mouvement, en vie, des personnes qui ne foulent plus le sol de cette terre.

C’est une expérience mélancolique en soi, que de regarder un vieux film, en ayant la certitude que tous les personnages qui s’étalent à l’écran ne sont plus de ce monde. On observe ces êtres se mouvoir dans cette portion de temps qui n’est plus, dans cette réalité qui s’est évaporée et qui est pourtant bien réelle sous nos yeux.

Mais lorsqu’il s’agit d’un film récent, l’expérience est d’une autre nature. Il est rare en effet qu’apparaisse dans une production nouvelle un acteur décédé. C’est presque contre-nature. Or c’est bien le cas ici.

Sans doute le fait le plus marquant, la plus troublant avec ce nouvel opus consacré au héros chauve souris, c’est la présence de Heath Ledger. Heath Ledger disparu d’une façon si soudaine, si inattendue. Heath Ledger à l’écran, se mouvant, jouant avec une intensité déjantée le personnage du joker.

D’autant que ce personnage est sans hésitation le plus intéressant, le plus fascinant du film. Le seul peut-être.

Batman est celui que l’on connait déjà, le sauveur dans l’ombre, celui qui aide sans en retirer de gloire. Humble peut-être, mais n’exerçant que peu de magnétisme. Il a perdu sa superbe dans cette nouvelle version. Il use de trucs et gadgets multiples, se bat avec férocité, mais tous ces gestes ont un goût de déjà vu, de connu.

La vraie surprise vient du joker. Un joker à la fois plus humain que celui proposé par Jack Nicholson, mais aussi bien plus imprévisible, plus fantasque. Et du coup, plus attirant, captivant. C’est un personnage réellement interpellant parce qu’insaisissable. Fascinant dans sa folie, séduisant dans sa démesure.

L’interprétation de Heath Ledger donne au personnage un caractère volatile, entre d’une part ses attitudes tenant du comportement d’aliéné, sa langue qui ne cesse de parcourir frénétiquement ses lèvres, ses cheveux immondes qui balaient son visage, ses épaules tombantes, sa démarche balourde et, d’autre part, son raisonnement à la fois fou et hilarant, qui ne cesse de surprendre, de déstabiliser. 

Malheureusement, le reste de « The Dark Knight » ne peut pas se targuer d’autant d’originalité. C’est une réalisation plutôt classique, un film qui tient plus de l’action que du fantastique. On ne retrouve en effet que peu l’univers du comics, pour au contraire en avoir une vision vérisimilaire qui ne fonctionne que par des cascades impressionnantes et des combats costauds.

Gotham City ressemble désormais à toutes les grandes villes crépusculaires. Son aspect extravagant et irréaliste a disparu. Il semble que l’histoire qui nous est contée ne tient plus de la BD de super héros, mais du récit vraisemblable, peuplé de personnages certes fabuleux, mais motivés par des désirs on ne peut plus humains.

Les amateurs d’action seront comblés, il se passe sans cesse un événement spectaculaire, une explosion inattendue, un compte à rebours stressant qui fait que l’on ne voit pas les minutes passer.

Par contre, les nostalgiques des super héros resteront sans doute perplexes.

(Justine Gustin)