Qui suis-je ?
2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s) 2étoile(s)

AU CUL DU LOUP

Pierre Ducolt (Belgique 2011)

Christelle Cornil, Marijke Pinoy, François Vincentelli, Roberto d’Orazio

82 min.
25 janvier 2012
AU CUL DU LOUP

Mieux vaut allumer une bougie que se plaindre de l’obscurité - proverbe chinois.

Mieux vaut prendre sa vie en mains que de la laisser s’étioler – proverbe carolo.

Christina est une jeune femme de 30 ans. Abonnée aux petits boulots sans contrat, vivant une relation qui a cessé de l’épanouir, frustrée dans ses envies créatrices par les difficultés économiques du Pays Noir, infantilisée par une famille très (trop) présente saura-t-elle saisir l’occasion qui lui est donnée, en changeant de cadre de vie, de modifier son existence ?

De l’élargir en prenant des responsabilités, en dominant la peur du saut dans l’inconnu, en prenant les risques d’aimer sans être assurée d’une réciprocité ?

Il y a beaucoup de courage dans cette histoire. Un courage simple qui n’est pas celui d’une héroïne de l’impossible mais d’une héroïne du quotidien capable de ne pas fuir les questions essentielles que chacun est amené un jour à se poser.

Est-ce que je mène la vie que je souhaite ? Comment être sûr que le choix que l’on fait est le bon ? Aurai-je l’audace de lâcher un présent peu gratifiant mais confortable pour un avenir prometteur mais peut-être illusoire ?

C’est par une mise en scène simple, naturaliste, filmant les décors extérieurs qu’ils soient baignés de la lumière du Nord ou du Sud avec le même affectueux respect - terrils et rues pavées du Hainaut versus montagnes, verdures et maisons en pierres de la Haute Corse que le cinéaste ancre son propos.

Soutenu par des comédiens (*) qui apportent à leur rôle une touchante sincérité, bien loin des falbalas et guipures d’un certain cinéma francophone fait de tics, de tocs et de chiqué.

« Au cul… » est un film attachant (**), humain, proche des préoccupations de ceux qui le regarde - les secrets de famille, la solidarité familiale, les accidents de santé, les difficultés financières, les envies de bien faire des parents, les besoins d’indépendance et de rêves des enfants …

Délaissant, jusqu’aux dernières images, les plans larges parce qu’ils risquent d’être trop suffoquant par leur beauté sauvage et infinie, pour des yeux qui ont été longtemps accoutumés aux décors urbains sombres et entravés de collines de houille.

Les délaissant comme pour nous faire mieux comprendre par une dernière séquence qui assume crânement son côté chromo que la vie est faite de surprises.

Qu’il faut se donner la peine de vouloir pour qu’elles soient belles.

"Au cul ..." a reçu au Festival International d’Amiens 2011 le Grand Prix et le Prix du Public. (mca)

(*) Christelle Cornil parfaite comme toujours et un Roberto d’Orazio, ancien syndicaliste aux forges de Clabecq, en recherche tâtonnante de reconversion.

(**) qui rappelle le travail sensible d’une autre poulaine de Need Productions : Ines Rabatan