AO, LE DERNIER NEANDERTAL

On se prend à rêver, en regardant cette épopée des temps préhistoriques, à toutes les choses auxquelles l’homo neandertalensis a échappé.

Les transports en commun bondés aux heures de pointe, la précarité de l’emploi, les agences de notation, les ratés du botox, les films de de Michael Youn ...

On se prend aussi à rêver à quoi on aurait échappé (l’ennui ?) si on avait décidé de zapper la projection de ce film qui hésite entre le conte, la réalité documentaire et … le message politique.

Ao le Sibérien décide, après l’anéantissement de sa tribu, de partir vers le Sud à la recherche de ceux dont il a été séparé enfant. Sa route sera semée d’embûches, de rencontres et de considérations philosophico-altruistes. 

Pour quelles raisons, alors que le sérieux de la reconstitution avec notamment l’appui logistique du paléoanthropologue Yves Coppens est incontestable, est-il si malaisé (*) d’entrer dans cette histoire qui a beaucoup du film d’aventures.

Est-ce la fictionnalisation du propos qui dérange ? Notamment la romance, à la Barbara Cartland, entre le « héros » et une mulier sapiens ?

Est-ce la lourde (moralisatrice ?) insistance sur le fait qu’à l’époque les idées écologiques allaient de soi ?

Est-ce l’excès de leçons qui nous sont données sur la tolérance, le partage, le respect et par rapport auxquelles nous nous sentons comme de mauvais élèves pris la main dans le sac de l’hypocrisie, de l’égoïsme et de la rentabilité sans limite ?

Est-ce le côté carnavalesque des maquillages ? Appuyé (ridicule ?) de la plupart des situations ?

Grandiloquent d’une bande-son ? Qui allie musique suave, grognements et voix off dont la présence si elle est censée assurer, pour les 8-13 ans, la bonne compréhension du récit, est ressentie par les aînés comme redondante et sciante.

Bien loin du comique de « RRRrrr !!! » d’Alain Chabat, du charme désuet du feuilleton BD « Les Pierre à Feu » et de la belle quête du feu de Jean-Jacques Annaud, « AO … » est un pensum.

Que même les paysages sublimes n’arrivent pas à sortir d’un salmigondis de bonnes intentions et de candeur qui font plus sourire que réfléchir.

Film de boy-scout que les adultes ont toute liberté de boy… cotter

Ao… » est l’adaptation d’un roman de Marc Klapczynski. On peut lui préférer la passionnante saga de Jean M. Auel « Earth’s children » (**) dont le 6ème tome est attendu début 2011. (mca)

(*) alors que cette entrée était spontanée pour les docu-fictions réalisées par le cinéaste pour la télévision sur des thèmes identiques : "Odyssée de l’espèce", "Homo sapiens"

(**) paru en français aux éditions Pocket sous le titre des « Enfants de la terre »