AMERICAN SNIPER

Pour son dernier film, Clint Eastwood décide d’adapter à l’écran la biographie du célèbre sniper américain Chris Kyle. Le film explore les différentes étapes de la vie du tireur d’élite au palmarès le plus meurtrier de l’armée américaine : de son enfance à son engagement en Irak de 2003 à 2009 et des difficultés du retour au pays après la guerre. 

Ce n’est pas la première fois que le réalisateur s’intéresse aux récits de guerre. Ce fut déjà le cas lorsqu’il réalisa en 2006 Lettres d’Iwo Jima ou Mémoires de nos pères dans lequel il rendit hommage aux soldats qui prirent part au combat lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais dans American Sniper , il s’attache à suivre principalement un personnage, devenu une véritable « légende » (par son record de personnes tuées au combat), en alternant de manière cohérente les scènes de guerre et celles de la vie de famille. 

C’est Bradley Cooper qui incarne de manière assez surprenante cette figure emblématique de l’armée américaine. En plus de faire apparaître un physique bodybuildé pour le film, Cooper arrive à faire transparaitre avec minutie les tourments et conflits intérieurs du personnage qu’il incarne. L’acteur - dont la prestation avait déjà été reconnue dans Sylver Linings Playbook -  trouve particulièrement ici un rôle à la hauteur de son talent. Par ses personnages, le film nous présente deux mondes qui s’affrontent, deux idéologies qui, aussi complexes qu’elles soient, reflètent tout de même la vision manichéenne du réalisateur. 

Dès sa sortie, American Sniper a provoqué un véritable émoi outre-Atlantique mais également de vives critiques. Certains l’accusent de développer l’apologie des armes, d’autres d’alimenter une propagande anti-musulmane. Le réalisateur ne semble pas vouloir se positionner sur le message qu’il a voulu transmettre en choisissant ce récit. Il ne cache pas non plus son parti-pris pour présenter Chris Kyle comme une figure héroïque dont il tient à rendre hommage également. Mais si le film suscite autant de polémique, et il faut bien se l’avouer, c’est en réalité par le contexte actuel d’inquiétude lié au terrorisme et aux attentats récents de Paris. 

Même si l’on n’adhère pas à ce genre de récit, il faut pouvoir reconnaître le film pour ses qualités artistiques et cinématographiques incontournables. Car c’est une oeuvre complexe et d’un réalisme extrême que nous propose Eastwood, porté par un jeu d’acteur d’une étonnante justesse. Un véritable suspens qui se veut dramatique et émouvant. 

Bénédicte Eïd