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Amal

Jawad Rhalib

Lubna Azabal, Fabrizio Rongione, Catherine Salée

100 min.
7 février 2024
Amal

Un film très fort, important et admirablement mis en œuvre. L’histoire est celle d’une enseignante de français à Bruxelles, en classe de fin d’études moyennes, elle est d’origine arabo-musulmane, laïque et son compagnon est flamand comme pour ajouter à ce merveilleux mix culturel. Même si ce n’est qu’une question de coproduction.
Ce professeur qui parle de Montesquieu et des Lumières à ses étudiants d’origines très mélangées, en viendra à parler du poète Aboû Nouwâs décédé à Bagdad vers 815. Une personnalité majeure sur laquelle ce film attirera positivement et utilement l’attention.
L’enseignante en butte à un incident qui, dans sa classe, prendra des proportions considérables va devoir lutter contre les confrontations entre élèves, l’attitude des collègues, de certains parents et parfois de la directrice.
L’histoire est admirablement construite, par paliers progressifs, mettant en évidence les disparités de culture et de sensibilité, de croyances surtout et de l’emprise d’un radicalisme islamique sournois et délétère.
Le groupe d’élèves est admirablement choisi et dirigé, Ethelle Gonzalez Lardued est l’une d’entre-elles, on la reverra ! Catherine Salée est une convaincante directrice d’école, Fabrizio Rongione est surprenant et parfait dans le rôle que vous découvrirez mais c’est Luna Azabal qui fait une performance éblouissante, d’une énergie extraordinaire et véhémente. Une fois encore un hommage brillant aux hussards noirs qui se dévouent sans limites à l’enseignement.
Le réalisateur de bientôt 60 ans n’en est pas à ses débuts mais ce film devrait lui valoir une immense estime pour le talent et le courage avec lesquels il a abordé un problème d’une terrible complexité. On ne pourra pas lui reprocher au moins d’avoir stigmatisé l’islamisme de la communauté arabo-musulmane dont il est issu.
Le premier plan du film montre un tatouage et le texte Memento Mori (souviens-toi que tu vas mourir) qui est en lien avec le radicalisme et la charia qui tentent, j’espère en vain, de retarder les bienfaits du multiculturalisme dans lequel nous somme immergés. Mais qui est submergé par ce cancer des réseaux sociaux dont vous constaterez une nouvelle fois combien le harcèlement qu’ils permettent donne véritablement le vertige, nous met à mal.

Francis de Laveleye un passionné de cinéma et ami de CineFemme