Conte existentiel
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ALL GOOD CHILDREN

Alicia Duffy (Irlande, France, Belgique 2010)

Imogen Jones, Jack Gleeson, David Brazil

80 min.
31 août 2011
ALL GOOD CHILDREN

L’imagination au pouvoir. L’imagination qui pervertit et qui séduit.

Certains films demandent à être apprivoisés. Un peu comme un nyctalope a besoin d’un temps d’accommodation pour découvrir l’intérêt de l’endroit où il se trouve.

Deux pré-adolescents séjournent momentanément chez leur tante après la mort (un suicide ?) de leur mère. Dans ce bout de terre du Nord de la France, ils font la connaissance de Bella.

Une jeune anglaise dont le prénom signe la cause des troubles et de la jalousie des jeunes garçons, en ce moment précis de leur vie familiale, ils sont en travail de deuil, et hormonale, ils sont à l’âge de leurs premiers émois sensuels.

A la fois dérangeant et déroutant, « All good … », premier film de la réalisatrice britannique Alicia Duffy, est insaisissable et inclassable. A l’image de ces troubles que vivent les personnages principaux.

Troubles qu’ils ne savent exprimer et qu’ils ne peuvent confier aux adultes qui les entourent. Parce que ceux-ci sont soit absents soit indifférents, requis par leur propre vie sentimentale.

C’est à travers des jeux d’ombre et de lumière dans une forêt aussi dense que maléfique et la découverte d’une maison perdue et délabrée que le spectateur est invité à entrer, peu à peu, avec poésie et fatalité, dans les fantasmes d’un des jeunes garçons.

Fantasmes dont on ne sait s’ils ont une quelconque assise réelle ou s’ils sont uniquement le fruit d’un esprit de plus en plus englué dans la folie.

Tout est diffus dans ce film et pourtant rien n’est clairsemé. Parce que la cinéaste est déterminée à nous amener là où elle le veut et peu importe si pour ce faire elle emprunte des chemins de lenteur, de fausse innocence et de cruauté sous-jacente.

Lorsque le drame éclatera, ce ne sera pas la surprise. Mais le soulagement comme un orage qui viendrait rafraîchir une ambiance qui devient irrespirable.

Il y a du maniérisme dans la mise en scène, de la turbulence charnelle dans les regards, du tragique dans ce conte qui a la violence secrète des initiations.

Mais surtout il y a de la fascination, magique et malsaine, pour cet entre deux âges où les jeunes filles découvrent leur pouvoir sur des jeunes hommes déconcertés par leur perte d’innocence.

Alors malgré l’afféterie d’une forme parfois trop photogénisante, la ressemblance diaphane d’Imogen Jones avec Bryce Dallas Howard dans « La jeune fille de l’eau » de Night Shyamalan, et une ambiance qui mêle fantastique et symbolique, « All good… » reste un film intrigant.

Et déroutant dont on se demande après la projection si on l’a vu ou si on l’a rêvé.

Il a été librement inspiré par un livre de Sam Taylor « The republic of trees » (*) (mca)

(*) paru aux éditions Faber & Faber en 2005 - pas de traduction française à ce jour