Comedie aigre-douce
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ALCESTE A BICYCLETTE

Philippe Le Guay, France (2013)

Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa

104 min.
16 janvier 2013
ALCESTE A BICYCLETTE

Alceste à bicyclette

« L’ami du genre humain n’est point du tout mon fait » (Alceste, acte 1, scène 1, vers 64)

« Mais quand on est du monde, il faut bien que l’on rende quelque dehors civils que l’usage demande » Philinte, acte 1, scène 1, vers 65)

Ce duo que tout oppose, nous le retrouvons dans le nouveau film de Philippe Le Guay « Alceste à bicyclette » dont la trame s’inspire du « Misanthrope » de Molière. On est ici aussi face à un duo de haut vol, un face à face irrésistible entre Fabrice Luchini et Lambert Wilson.

L’un Serge, (Fabrice Luchini) ex grand comédien vit reclus depuis trois ans dans sa petite maison plutôt délabrée sur l’île de Ré.

Ses journées se passent sans grande sensation, un peu de peinture, des randonnées à bicyclette sous le vent et la pluie. Il a quitté le métier car trop de lassitude, trop de colère, trop de trahison.

Jusqu’au jour où débarque Gauthier Valance (Lambert Wilson) lui aussi comédien mais qui est loin d’avoir raccroché !Il est le héros d’une série tv qui cartonne et connaît un franc succès auprès du public. Il est venu convaincre Serge de reprendre le rôle d’Alceste, un rôle qu’il connaît par cœur et qui lui va comme un gant. Gauthier lui donne huit jours pour se décider.

Commencent alors les répétitions, les coups de gueule, bref tout y passe mais il y a surtout entre eux une belle complicité, le bonheur de jouer ensemble.

Une certaine rivalité sans doute aussi et c’est à celui qui sera le plus futé, le plus habile et là Gauthier est souvent mis à rude épreuve par un Serge loin d’être commode, bougon, imprévisible.

C’est la quatrième fois que Luchini joue dans un film de Philippe Le Guay notamment dans « Les femmes du 6è étage »

Dès qu’on parle de Molière, l’acteur se réveille, jubile. Le misanthrope lui colle à la peau, il en est l’incarnation.

D’emblée et c’est peu dire si c’est un rôle sur mesure pour lui. Il y a chez Luchini quelque chose de fluide, d’illuminé, de déroutant et la bonne surprise, c’est face à lui, Lambert Wilson, son opposé, homme toujours séduisant, musclé, amoureux qui lui donne la réplique à merveille. IL est à sa place, très présent et beau partenaire. 

Ajouter au tableau une belle italienne, de quoi pimenter le tout !

Alceste est un film sur les acteurs mais il y a Molière et ses alexandrins, le bonheur de la langue française. Tous deux transcendent le texte, lui donnent vie. Que ce soit la mise en scène, les dialogues, le scénario, la direction d’acteurs, tout est précis, tout fait l’objet d’une attention maniaque servi par deux grands acteurs fous de théâtre.

Voilà un film réjouissant !

Anne Goreux