Drame sentimental
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AFTER THE WEDDING

Suzanne Bier (Danemark 2006 - distributeur : Cinéart)

Mads Mikkelsen, Rolf Lassgärd, Sidse Babett Knudsen, Stine Fischer

120 min.
7 mars 2007
AFTER THE WEDDING

Suzanne Bier (« Open hearts », « Brothers ») est la preuve que ce n’est parce qu’on est une cinéaste Dogma qu’on a perdu le goût des histoires sentimentales.

Jacob travaille dans un orphelinat en Inde. Il est invité par Jorgen qu’il ne connaît pas à se rendre au Danemark pour y recevoir une généreuse libéralité. Jacob se rend compte que son mécène attend de lui un service auquel sera conditionnée l’aide financière promise.

Le knack de la réalisatrice est de nous révéler, petit à petit et bribe par bribe, les raisons pour lesquelles Jacob est revenu à Copenhague. Le hic est que ces révélations reposent un lit de pathos auquel il est difficile de croire au nom d’un libre-arbitre dont on n’a pas envie de voir les personnages à ce point dépourvus.

« After the wedding » pose une question intéressante que malheureusement Suzanne Bier ferme à toute réflexion autre que la sienne par une caméra trop mobile et une surabondance de gros plans qui anesthésient la pensée du spectateur.

Quels sont les mobiles qui poussent un homme richissime à proposer un déroutant marché, presqu’un deal, mêlant sentiments amoureux, paternels et nécessités financières ?

Est-ce de la bonté comme le prétend Jorgen ou quelque chose de plus subtilement pervers comme l’envie de conserver, par delà la mort, le pouvoir de contrôler la vie des autres ?

Est-ce que Jorgen a voulu piéger Jacob ou a-t-il voulu lui donner l’occasion de reprendre sa vie là où elle s’est arrêtée il y a vingt ans ?

Si le ton artificieusement mélodramatique du film peut agacer, si l’acceptation par les femmes, sans s’y opposer la moindre résistance, d’un scénario élaboré sans les consulter est peu vraisemblable, il faut reconnaître que le jeu des acteurs est formidable.

Mads Mikkelsen (« Adam’s apple" de Anders Thomas Jensen) est un nuancé mélange de retenue et d’amertume, Rolf Lassgärd (qui incarne pour la télévision l’inspecteur Kurt Wallander créé par Hening Mankell) balance, en restant toujours juste, entre l’intraitable et l’émouvant.

Avec « After the wedding », le cinéma danois prouve une fois de plus sa prédilection pour les rapports traumatiques (*) qui pourrissent, non plus comme chez Hamlet le royaume, mais la famille. (m.c.a)

(*) « Festen » de Thomas Vinterberg