Comédie existentielle
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Coup de coeurA SERIOUS MAN

Joel Coen & Ethan Coen (USA 2009 - Distributeur: UPI)

Michael Stuhlbarg (Larry Gopnik), Richard Kind (Oncle Arthur), Fred Melamed (Sy Ableman), Sari Lennick (Judith Gopnik), Peter Breitmayer (Mr. Brandt), David Kang
(Clive Park), Ari Hoptman (Arlen Finkle)

105 min.
20 janvier 2010
A SERIOUS MAN

[Accepte avec simplicité ce qui t’arrive] Rashi

Ce qui me frappe dans le dernier film des frères Coen est le prologue en Yiddish que rien ne viendra plus expliquer. Rien non plus ne viendra éclairer les non initiés sur ce qu’est un dybbouk , sorte de fantôme d’un mort ou un démon venant prendre possession d’un vivant.

Parodie d’une mythologie juive, l’histoire en prologue entretient pourtant un lien profond avec sa littérature et ses valeurs spirituelles faisant du film une réflexion pleine d’humour et de profondeur sur le judaïsme, sa transmission et sa pratique au sein de la culture profane et identitaire américaine.

Et la phrase du rabbin Rashi, grand commentateur médiéval de la Bible et du Talmud, qui clôt le prologue résonne comme un appel à ré-écouter le message de ce sage, kabbaliste érudit, qui a renouvelé pour des siècles la lecture des textes bibliques d’un regard refusant tout dogme et ouvert la voie d’une éthique.

Comme l’avant-dernier film de Clint Eastwood, le film des frères Coen semble pousser un cri qui sonne comme un avertissement contre l’enfermement des communautés sur elles-même dans une société américaine pourtant plurielle et multiculturelle.

Enfermement alimentant un racisme fondé non plus sur la notion d’étranger par rapport à l’autochtone mais sur l’ignorance des racines culturelles et spirituelles des communautés les unes par rapport aux autres, ignorance qui nourrit les superstitions au sein même de ces communautés et qui fonde ici tout l’humour et la parodie des frères Coen.

La forme du récit culturellement codé, peut-être une manière pour les frères Coen de répondre à un antisémitisme latent d’une classe moyenne américaine fondé sur une notion d’identité qui annihile et ignore les profonds liens culturels et spirituels que tisse une communauté tout au long de son histoire pour avant tout l’enfermer dans des superstitions ..." Do your thing " ...répondent les policiers lorsqu’ils interrompent une shiv’ah , la période de deuil observée dans le judaïsme.

Le film annonce la fin d’une époque... le drapeau va tomber ... fin d’une idée de l’Amérique et il ne reste à Larry face à ses déboires personnels qu’une issue... accepter avec simplicité ce qui lui arrive et on pense alors à la chanson qu’écoute son fils au début du film : [When the truth is found to be lies and all the joys within you dies, don’t you want somebody to love, don’t you need somebody to love ...]* (Ldj)

*Jefferson Airplaine