Comédie sentimentale
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500 DAYS OF SUMMER

Marc Webb (USA - Distributeur : Twenty Century Fox)

Joseph Gordon-Levitt, Zooey Deschanel, Geoffrey Arend, Chloe Arend, Matthew Gray Gubler...

95 min.
4 novembre 2009
500 DAYS OF SUMMER

Anatomie d’une histoire d’amour

Devant toute comédie romantique américaine, un sentiment de crainte de se trouver face à des schémas éculés vous envahit. Alors, quand le ludisme et l’originalité s’installent, la jubilation n’en est que plus grande. Pourtant, peu d’éléments laissaient présager une si belle surprise en marge des conventions du genre. En effet, Marc Webb réalise ici ses premiers pas en tant que réalisateur cinématographique, après avoir judicieusement appris, comme en témoigne ce premier long métrage, de la publicité et du monde du clip.

Justement, l’innovation et le côté rafraîchissant de cette comédie vient peut-être de cette implication de regards masculins dans un genre traditionnellement associé au féminin. Car Marc Webb ne fût pas le seul à décider de revisiter un genre avec un point de vue tout à fait particulier. Deux acolytes, les scénaristes Scott Neustadter et Michael H. Weber, se sont également chargés de nourrir la trame de l’intrigue de leurs ressentis et de leurs expériences personnels. Las de la mièvrerie et du sentimentalisme propres à une grande majorité des comédies romantiques, chacun y a mis sa touche pour créer, fait rarissime, une histoire d’amour vue du point de vue masculin.

Ce point de vue, c’est celui du héros, Tom Hansen (Joseph Gordon-Levitt, tout en naïveté romanesque) qui croît dur comme fer en la possibilité d’un amour inconditionnel, passionné et infini, dans une déraison que l’on se plaît plus généralement à représenter comme caractéristique de la gente féminine. Face à lui se trouve Summer Finn (Zooey Deschanel, un charisme qui prend possession de l’image), jeune femme à l’énergie aérienne qui ne partage aucunement sa vision idéaliste de l’amour. En recherche d’elle-même, cette héroïne non conventionnelle reste insaisissable et se volatilise chaque fois que Tom veut la saisir dans les méandres de Los Angeles – ville photographiée comme un berceau accueillant pour les histoires romantiques – ou la définir clairement.

Pour Tom, il n’y a aucun doute, Summer est la femme idéale, la femme de sa vie. Ce retournement de point de vue, transposé du féminin au masculin, offre la possibilité d’explorer des lignes alternatives au schéma habituellement observé dans la comédie romantique. Cette inversion joue sans conteste consciemment avec les archétypes et les lieux communs du genre. L’une des séquences est particulièrement représentative de ce jeu ludique : l’écran se scinde en deux parties par un split-screen présentant les attentes du jeune homme en comparaison avec le déroulement réel de l’action, ce qui souligne le gouffre monumental entre les espérances illusoires et la réalité moins romancée.

Pour nous présenter cette histoire, Tom laisse flâner sa mémoire, opérant des retours en arrière et des avancées dans l’évolution de sa relation avec Summer qui s’étend sur cinq cent jours. Les mécanismes de la mémoire, le flux des pensées et des évènements marquants d’une relation, se mélangent pour s’accorder parfaitement au caractère insaisissable du sentiment amoureux. Ces petits flashs dans le temps et dans la vie du couple, opérant une déconstruction chronologique savoureuse qui ne s’essouffle pas malgré la répétition du procédé, soulignent également la place prépondérante du hasard et des détails significatifs, ces petits riens, dans le jeu de l’amour.

Finalement, cette rencontre est sans doute celle qui révèle notre héros à lui-même, le faisant se réveiller d’un long sommeil d’attentes, aussi bien dans le domaine personnel que dans le cadre professionnel, pour enfin se convertir en réel acteur de sa vie. N’est-ce pas cela aussi qui participe à la romance et à l’exaltation des sentiments, l’amour de la vie et la découverte de soi ?

(Ariane Jauniaux)